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par Léo Babauta

Un des meilleurs changements que j’aie fait pour m’aider à être heureux est d’apprendre à voir d’un mauvais œil le fait de juger les autres.

Maintenant, je ne prétends pas ne jamais juger les autres – je pense que c’est un fonctionnement inné pour tous les humains, ou une chose que nous développons à cause de fonctionnements innés. Nous jugeons tous les autres, et je ne suis pas une exception.

Mais je suis devenu meilleur pour remarquer quand cela arrive. Et reconnaître que c’est le signe de quelque chose de nuisible. Le jugement en soi n’est pas mauvais. C’est le symptôme dont découle ce jugement qui est nuisible.

Je dis « nuisible » au lieu de « mauvais » parce qu’au lieu de juger je préfère observer ce qui porte préjudice.

Quelles causes/situations nuisibles sous-jacentes sont indiquées par mes jugements envers les autres ? Eh bien, en voici quelques-unes :

Je suis très ignorant de ce que traverse cette personne.
Je ne comprends pas la situation.
J’ai des attentes irréalistes vis-à-vis des gens.
Je pense que je suis supérieur aux autres gens.
Je ne suis pas reconnaissant.
Je suis autocentré.
Je ne suis pas curieux, à la place je me ferme à tout apprentissage.
Je ne peux pas vraiment apporter mon aide si je vis dans le jugement.

Comment cela arrive
Prenons un exemple faux mais typique pour que je puisse vous montrer ce que je veux dire (je vais grossir un peu les symptômes, donc oubliez la suraccentuation) :

Je vois une proche qui nuit gravement à sa santé, qui est en surpoids et diabétique, et pourtant elle fume, mange mal tout le temps, et fait d’autres mauvaises choses. Je pense qu’elle peut améliorer sa santé en changeant ses habitudes. Je la juge pour ce qu’elle fait, je vois les choses comme mauvaises, je suis frustré pour elle, je la rejette parce qu’elle ne vaut pas toute ma frustration. Ce genre de chose m’arrive et arrive à beaucoup d’autres personnes tout le temps – changez simplement des détails pour votre épouse, votre collègue, votre enfant, votre ami, et au lieu de choses malsaines, ils font autre chose que vous n’aimez pas.

Que se passe-t-il dans cet exemple ? Eh bien, d’abord, j’ignore ce qu’elle traverse et je ne comprends pas la situation. Elle est déprimée à cause de ses problèmes de santé, elle se sent coupable, coincée, effrayée, elle n’a pas confiance en elle. À cause de ces mauvais sentiments, elle n’aime pas penser à sa santé, et se sent mieux avec la cigarette et le confort de la nourriture. Elle essaye juste d’être heureuse. Et en fait, je fais le même genre de choses tout le temps – j’échoue. Je me sens mal. Je me réconforte. Donc je ne suis pas supérieur, même si je pense l’être.

Plus encore, je ne suis pas reconnaissant pour la belle personne qu’elle est, malgré ses problèmes de santé. Elle est merveilleuse. En me concentrant sur le fait de la juger, je n’apprécie pas cela. À la place, je suis autocentré, concentré sur le fait que je suis bien meilleur, qu’elle me frustre, que ma frustration est plus importante que toute douleur qu’elle peut ressentir. Je ne suis pas curieux quant à qui elle est, ce qu’elle traverse et pourquoi… à la place j’ai fait un jugement et cela stoppe toute curiosité. Et de ce lieu de jugement, je ne peux pas aider parce que j’ai fermé toute possibilité de dialogue, et je l’ai mise à l’index.

Vous pouvez voir combien toutes ces choses sont nuisibles. Elles font que je suis frustré et malheureux, elles nuisent à ma relation avec cette personne adorable, elles stoppent toute communication et tout apprentissage, elles ne me permettent pas de soulager la souffrance, elles me ferment à ce que cette personne m’offre. Entre autres nuisances.

Comment se débarrasser du jugement
Soyez tout d’abord conscient que vous le faites, et voyez cela comme une alarme. Ce n’est pas horrible de juger, mais cela montre bien que d’autres choses qui se passent sont nuisibles, pour vous ou pour les autres.

Cela demande de la pratique. Mais il y a des symptômes qui vous disent que vous jugez – si vous vous sentez en colère ou frustré ou distant envers quelqu’un. Si vous vous plaignez de quelqu’un, ou que vous médisez. Ce sont des signes que vous jugez. Reconnaissez ce qui se passe.

Après avoir noté cette alerte, faites une pause et soyez curieux. Ne vous énervez pas contre vous-même, mais soyez curieux :

Pourquoi jugez-vous ?
Quelles attentes irréalistes avez-vous ?
Que pouvez-vous deviner de ce que l’autre personne traverse réellement ?
Pouvez-vous en découvrir plus ? (Ce n’est pas toujours possible mais parfois vous le pouvez.)
Que pouvez-vous apprécier chez l’autre personne ?
Pouvez-vous sortir de votre attitude autocentrée et vous mettre à la place de l’autre personne ?
Pouvez-vous penser à un moment où vous traversiez le même genre de choses ?
Une fois que vous avez fait ça, demandez-vous : comment pouvez-vous apporter votre aide ? De quoi a besoin cette personne ? Parfois elle a juste besoin que quelqu’un écoute, que quelqu’un soit un ami, ne la juge pas, l’accepte. Parfois elle a besoin de plus – un conseil, un guide, un câlin.

Mais vous ne pouvez pas l’aider avec une attitude de jugement. Ce n’est que quand vous vous débarrassez du jugement qui a éclos, et que vous entrez dans une attitude d’acceptation, de curiosité et d’empathie, que vous pouvez réellement apporter votre aide. Et par conséquent, vous serez bien plus heureux dans ce processus.

Note : cet article est une traduction de l’article Letting Go of Judging People de Léo Babauta. C’est donc lui qui s’exprime dans le “je” de cet article !

Source: https://zenhabits.net/judgy/

Traduction trouvée sur https://habitudes-zen.net/2014/ne-pas-tenir-compte-de-ceux-qui-jugent/