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par Emeline

Un petit tabou dans notre société, c’est d’être une famille recomposée.

Nous sommes très nombreux à vivre de cette manière mais on en parle peu…Le combat, les défis, ce que ça représente, mais surtout les peurs et les traumatismes qui précèdent “la reconstruction”

 

Je peux vous parler de mon expérience personnelle, même si c’est pas toujours simple de parler de soi! Mais en en parlant avec deux amies qui partagent le même style de vie, je me rends compte à quel point c’est important d’en parler.

 

De loin la vie des autres peut sembler “parfaite”, et on ne se doute pas de toutes les montagnes de peurs et parfois de souffrance qu’il a fallu dépasser pour respirer un certain bonheur.

 

Personnellement je suis restée pratiquement 10 ans avec le père de ma fille, mais nous nous sommes séparés quand elle était vraiment toute petite.

J’avais dans mon idéal, la petite famille soudée, vieillir auprès du même homme toute ma vie, une vie bien établie. Je voulais pour mes enfants ce que je n’avais pas forcément eu, et je me mettais encore plus de pression pour y arriver. Sauf que la vie n’est pas une partition bien orchestrée sous le contrôle intransigeant de notre mental….La vie est mouvement, changement, évolution.

Avec le papa de ma fille nous avions beaucoup changé en 10 ans , et pas forcément avec les mêmes objectifs de vie. Se rendre compte que le couple est mort est une première étape très douloureuse…Se rendre compte que personne n’est heureux….Personne ne veut ça!

 

Accepter la transition, les changements c’est un tsunami émotionnel, une guerre civile intérieure….Un tremblement de terre sans pareil….C’est très dur! Même si on sait que c’est nécessaire et inévitable. La culpabilité de parent est énorme , la culpabilité face aux rêves de petite fille etc…..Faire le deuil de la belle famille, des amis communs, c’est une blessure qui se referme très très lentement. Pour moi  en tout cas car l’attachement aux gens est quelque chose à travailler dans cette vie. Donc chaque deuil est interminable. J’ai l’impression qu’une part moi est torturée, accompagnée d’une vraie nostalgie. Eh oui j’ai du boulot moi aussi !

La sensation d’échec est très forte car la douleur est à vif.

A 30 ans, me retrouver dans un petit appartement avec une seule chambre pour ma fille et moi n’était pas ce que je m’étais souhaité. Je sors de mon interdit bancaire, la séparation est coûteuse à tous les niveaux. Mais je devais croire en un avenir meilleur, car au fond on sait toujours… On sait quand la relation est finie…combien de temps on s’est voilé la face par peur du changement….On sait qu’il n’y avait pas d’issue, que tout le monde avait déjà beaucoup trop souffert. On sait au fond ce que l’on doit faire et ce que l’on doit accepter comme changement pour le meilleur de tous. On doit continuer d’avancer, d’avoir foi en soi et on doit surtout se pardonner!!! Personnellement un burn- out m’a pété au visage heureusement dans des conditions favorables. Ma psychée a attendu que je me retrouve en vacances avec ma mère. Sans énergie, stressée, faire une lettre pour la caf a tout fait sauter après le déménagement. Tout était réglé, je devais juste faire une lettre à la caf pour le changement d’adresse, et la j’ai pleuré comme ci c’était la démarche de trop…..Je me sentais accablée….Les nerfs m’ont tenu jusqu’à la maison de vacances ou se trouvait ma mère et la bas , je me suis mise au lit pendant deux jours. Elle a pu s’occuper de ma fille, et je n’ai finalement jamais envoyé cette lettre à la CAF lol!!

Puis ensuite, après la transition arrive la reconstruction, les nouvelles perspectives , les choix de couples à venir. L’énergie revient, les joies du quotidien.

L’animal apeuré en nous reprend ses marques dans un nouvel environnement.

On peut enfin passer de la survie à la vie. Le temps est une aide très précieuse, les amis aussi!!

On se rend compte que les choix difficiles en valaient la peine. Que beaucoup de belles choses étaient sur la route. Même si on est constamment rassurée par les énergies, les intuitions etc….ça n’empêche pas la peur de devoir faire les choses. Cela n’empêche qu’on croit ne jamais être assez rassuré.

 

Le nouveau couple est une étape également. Une vilaine voix persistante nous dit que ça ne marchera pas dans le temps….Que si ça a échoué une fois, aucune raison d’y arriver cette fois ci.

Est ce qu’un couple est voué à se séparer? Est ce qu’on peut prendre le risque de construire à nouveau?

 

Avec le temps je me rends compte que “l’homme de ma vie” est divisé dans plusieurs personnes. Le père de ma fille m’a aidé à grandir pendant 10 ans et penser cette relation comme un échec n’est pas juste. Tout est évolutif et le changement est parfois la meilleure des suites logiques.

 

Mais pour toute personne ayant un passé, il faut dans une nouvelle relation faire aussi avec le passé de l’autre. Plus on vieillit, plus on s’affirme dans ce que l’on veut et aussi dans nos peurs non réglées. L’autre peut devenir le réceptacle de toutes ces peurs. J’ai été parfois très dure et injuste avec Eric, car “si ce n’était pas parfait, on pouvait vivre une séparation donc je ne veux pas prendre le risque”. Heureusement, notre amitié et complicité étaient telles que nous avons appris ensemble à surmonter nos peurs respectives. Mais même si les apparences étaient très flatteuses pour nous, nous devions apprendre à nous rassurer et à partager. Il fallait franchir une étape. Encore une fois même quand on “sait” au fond et que l’on est bien guidé dans le subtil, cela n’empêche pas de “devoir” passer outre la peur. La peur du regard des autres également.

 

La peur est toujours la, on apprend juste à vivre avec sans lui donner trop de crédit. L’exigence aussi, voire l’intransigeance, sont à surveiller également, car on a pas la même insouciance qu’à 20 ans. Il faut accepter de construire, de laisser la nostalgie de côté car elle est juste une amie dépressive. On doit également accepter que l’autre n’est pas un produit fini de notre volonté « une commande amazon » et que tout se construit avec le temps, de l’amour et du courage.

 

Personne ne peut nous raconter notre avenir sur 20 ans. On doit accepter de prendre des risques. C’est l’envie qui guide nos pas au quotidien. Accepter le changement, s’engager dans des projets de vie pro et perso, avoir la foi, et ensuite accepter les cadeaux magnifiques de la vie, comme notre petit bébé de 2 mois qui fait le bonheur de tout le monde y compris de sa grande soeur.

 

Pourquoi écrire cet article? Pour déculpabiliser toutes les familles recomposées. Car nos enfants sont beaucoup plus forts parfois que nous et vivent très bien le changement si il est fait en conscience. En général les enfants sont mal tant qu’aucune décision n’est prise par la culpabilité des parents, mais que le malaise est palpable. Une fois le changement amorcé et bien expliqué, avec des parents plus libre d’être heureux, les enfants sont libres aussi de tout poids sur les épaules. Ils ne récupèrent pas la pression inconsciente de “on reste ensemble à cause de toi”.

Une famille recomposée c’est aussi deux fois plus d’amour de deux familles différentes.

 

Eh oui c’est dur, eh oui on sort du cadre de l’inconscient collectif, eh oui on a peur de “refaire” sa vie. Mais rien ne vaut d’accepter d’être soi, car autour de soi, la vie devient lumineuse, à la hauteur des énergies de notre coeur. Tout prend son sens avec le temps, il faut garder sa boussole intérieure en marche pour lâcher l’envie de tout contrôler. La prise de risque faite en conscience et avec le coeur est toujours récompensée. ll faut être vigilant de pas se laisser parasiter par madame auto-sabotage dû à une culpabilité trop grande.

 

Merci de m’avoir lue en espérant que ce témoigne puisse aider.

 

des gros bisous


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Emeline

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