par Samia Aissaoui
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Il y a quelques mois encore, à peine sortie de cette traversée, je ne savais pas si je devais continuer l’accompagnement ou bien me diriger vers une nouvelle voie. Tout était flou, rien ne transparaissait. Aucune instruction intérieure ne venait. Si j’étais habituée à avoir mille idées à la seconde, l’inspiration avait décampé et ce depuis un bon moment. La solitude et le retrait du monde m’ont été imposés par la vie, ne sachant pas du tout ou cela me conduisait. J’avançais à l’aveuglette. J’étais dans le non- faire absolu qui m’invitait pourtant à laisser la vie me guider, mais là c’était le néant que je rencontrais. La guidance avait pris congé. Les journées se déroulaient sans que rien n’apparaissait de changement. Le vide total !!!! Ce vide empreint de silence ,j’en ai pas mal parlé. Un passage inévitable pour se découvrir…
J’ai eu quelques tentatives conseils de personnes averties de mon entourage, « de sortir de ce vide et de revenir dans la matière et le monde , de me mettre dans l’action ».Il y a quelques années, j’aurai pris ce concept comme avisé, ce qui se passait là personne ne pouvait le comprendre à part moi. Aucun des conseils extérieurs ne résonnait plus là où Je me trouvais. J’en étais arrivée à ne plus parler de mon état évitant toute discussion là-dessus.
Pourquoi sortir du vide quand je suis ce vide ?
Pourquoi revenir dans la matière quand je suis déjà cette matière ?
L’un ne peut être dissocié de l’autre. C’est du vide que toute forme jaillit.
Pourtant à une époque, j’avais eu peur de me perdre et de me leurrer sur ce chemin, mais j’ai fini par réaliser c’est tout cela qui même à Soi. Même si cela avait été vu, d’y être de nouveau confrontée m’avait mise devant un peu d’hésitation. Je ne pouvais désormais suivre que ce qui poussait à se vivre intérieurement. C’était devenu une habitude ancrée dans l’expérience. Mais il y avait semble-t-il encore quelques résistances tenaces là-dessus qui finissaient par se fracasser dans cette ouverture à l’infini encore une fois.
L’immobilisme était l’expérience du moment qui durait depuis trop longtemps certes, mais que pouvais-je faire si ce n’était continuer à accepter encore et encore, jusqu’à ce que la résistance finisse par céder. Ce n’était qu’en cessant de rejeter l’état de posture dans laquelle j’étais prostrée, d’être dans la solitude et face à moi-même, que la lutte contre l’absence totale de vie sociale s’était achevée, déclenchant la détente corporelle et la réapparition des idées. Comme je l’ai déjà écrit ici, lorsqu’on a accepté d’être là avec ce qui apparaissait dans le champ du vécu, un changement intérieur s’opère de lui-même sans qu’on fasse quoi que ce soit pour y remédier. La clé est de rentrer dans la non-volonté de faire pour que le mouvement reprenne son rythme.
Alors la vie regagnait de plus en plus sa place. Elle réémergeait doucement, prenant le temps dans cet instant sans temps. Les idées refaisaient de nouveau surface, même si au début on était perdu dans ce flux d’informations continue disparate. J’étais bombardée d’un flot d’une telle richesse de projets.
Mais une question était survenue. Lequel de ces projets était le bon ? Comme à chaque fois qu’une question se pose, la réponse m’est apparue sans chercher un peu plus tard. Ça marchait à tous les coups!!!:-) Ici cela se passa hors volonté, puisqu’elle a laissé sa place à l’écoute.
Puis un matin, l’éclairage arriva. Posant sur papier tous les éléments, de façon concrète comme un schéma une intuition me traversa. Tous ces projets intégraient un projet global unique qui ferait appel à un collectif. Je venais de poser la trame même qui comportait une structure de plusieurs secteurs qui avait un même fils conducteur.
D’ autres questions me sont parvenues par la suite : Comment faire pour mettre en place un si grand projet ? Comment le financer ? Comment trouver les personnes qui y seront impliquées ?
Si les peurs avaient disparu du champ, le mettre en place semblait simple. C’était juste que tout n’était pas très clair, donc pas simple de mettre l’action en route à ce moment là. Ce n’était qu’au fur et à mesure des semaines que les choses se structuraient, cela arrivait au compte-gouttes.
Cependant, une précision m’avait traversée. Le projet étant la conscience même, il se vivra de lui-même. Tout est possible lorsqu’il n’y a plus rien qui freinent son déploiement. Tout conditionnement, croyance, doute et peur s’étant dissipés, seules la certitude et la providence prenaient place dans ce champ de l’expérience. Rien à faire d’autre qu’écouter les élans intérieurs qui guidaient et permettaient le mouvement du corps.
Lorsque nous nous révélons à nous-même, l’isolement est parfois indiqué et nécessaire pour laisser ce silence nourrir cet espace trop longtemps habité par un brouhaha de pensées envahissantes. Face à ce vide/silence un immobilisme et une stature s’installent pour un nouvel angle de vue. Ce n’est que lorsque tout est vu comme étant Soi que le mouvement reprend sa cadence, sonnant le moment d’aller vivre ce que nous sommes pleinement au sein du collectif.
Lorsqu’on redécouvre ce Soi, l’appel du retour vers la communauté devient l’évidence. En retrouvant sa place en Soi, le monde nous rappelle à lui.
Source: http://samia-aissaoui.com/
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