par Aurélia LEDOUX
Voici un nouveau message, de votre amie Célia Oranimel.
Une vision de paix et de verdure sereine m’envahit, avec un tel bien être que je ne saurai décrire ce dernier.
Elle me fait don de ses émotions, de sa vie en ce lieu de fleurs et de beauté absolue. C’est un lieu où l’on se sent immensément accueilli, aimé, un lieu qui respire la joie de vivre, la sérénité. Cette émotion, ce sentiment de paix est tel que je ressens que rien ni personne ne pourra jamais venir leur prendre.
Sois apaisée, fait l’alien en s’approchant, ton jour viendra et l’heure de la Terre a sonné, de toute la Terre.
Je la vois maintenant mieux, son teint est plutôt crème avec des nuances plus rosées et elle rayonne d’un éclat lumineux bleu blanc fantastique, ses prunelles sont bleutées et argentées, avec une force extraordinaire en leur intérieur. Elle me fixe et mon émotion est très intense, c’est une créature quasi angélique, d’une très grande pureté. Si je m’attendais à cela !
Vas et sois sans crainte me dit Célia, tes problèmes et ceux que la Terre connaît trouveront l’un après l’autre leur solution.
Elle se tient près d’une cascade rayonnante de vie, entourée de plantes majestueuses qui font comme une draperie sur la falaise.
Je vais et je viens à ma guise sur ce monde, en compagnie du guérisseur Lestrys. Le moment où nous nous sommes trouvés était parfait. Avec lui, se tenait le petit Stency, un jeune alien très attachant que j’eus le plaisir de connaître. Je compris vite qu’il était comme son enfant. Ensemble, ils avaient traversé nombre de périls et Stency lui était fort attaché, de même que son ami le grand alien Eratsu.
Eratsu possédait un caractère noble et bienveillant. A eux deux, ils avaient recueilli le petit Lokhaïl, un alien d’une autre espèce que la leur, ceux que vous appelez « petits gris ».
Les petits gris n’ont pas de corps à proprement parler, ce sont des créatures semi artificielles, et ce caractère biomécanique les empêche d’être touchés par la radiance, lorsqu’ils se tiennent à la surface du monde. Mais ici, en notre royaume, rien de contraire ne peut prospérer bien longtemps.
Nous avons agi pour soigner Lokhaïl comme il convient, bien qu’il soit un petit serviteur et se considère comme insignifiant.
Une image apparaît et Lokhaïl, en effet, parvient à se lever, il porte une grand habit blanc écru, qui le fait paraître plus grand. Son corps possède une nouvelle coloration blanche et argentée avec de magnifiques reflets. Il en est très surpris, il s’observe dans un miroir, et peine à croire à cette transformation.
Il aperçoit Célia et d’autres guérisseurs.
- Comment te sens-tu ? Interroge t-elle
- Un peu déstabilisé, je peine à ordonner mes pensées. Que m’avez-vous fait ? Questionne t-il
- Nous n’avons rien fait, c’est toi qui a accompli cette transformation, nous t’avons juste montré le chemin, expose Célia avec un sourire
- Comment cela est-il possible ? Questionne le petit alien en se laissant tomber sur l’herbe
- Il en est ainsi parce que l’âme connaît la direction à suivre, toujours, émet Célia avec force
Elle prend place à ses côtés et lui sert un élixir pour qu’il se remette. Le jeune alien est encore affaibli.
- Je pensais que les nôtres avaient une âme… collective, soupire le jeune alien
- Oui, toutes les créatures sont liées, mais ce que l’on t’a fait croire est mensonge. Ces fragments d’âme ont été enserrés, agglutinés en une entité féroce et malfaisante. Tu t’es départi de ce conditionnement, qui est assimilable à une programmation de l’esprit, et maintenant, tu es libre.
- Que va t-il arriver aux autres aliens ? demande Lokhaïl.
- Ils ont le choix, ils peuvent accomplir ton chemin. La vie les met face à face avec leurs actions, des actions de peine, de mort, de souffrance ou au contraire de vie, de renouveau, de ferveur. Tu es devenu un exemple pour beaucoup d’entre eux. A présent viens avec moi, tu es très attendu mon enfant !!!
Lokhaïl se lève, un peu hésitant, il quitte la grande clairière et les bâtiments de soin tout miroitants de blanc. Un petit vaisseau est posé avec un groupe d’aliens très émus. Le sage Lestrys et bien sûr Stency se trouvent là, ainsi qu’Eratsu, Paul, son fils Nimlin, Laïev, Darsimen, le premier conseiller Mellkit, Issaltir, et le premier Panresu qui a bien changé, accompagné de sa jeune fille et de son épouse.
Lokhaïl marche lentement vers eux, et au fur et à mesure qu’il avance, son teint argenté se met à resplendir. Sa famille se précipite vers lui pour l’embrasser et le féliciter. Chacun pleure de joie. C’est une scène figée hors du temps. Le sage Lestrys serre très fort la main de Célia en murmurant des bénédictions. Ils s’installent à bord du petit vaisseau et s’envolent sans un bruit au dessus de la cime brumeuse des arbres.
C’est un vol féerique, car en cette heure du jour, la forêt émeraude est baignée de voiles de brumes. Les aliens échangent peu de mots, tant ils sont heureux. Lokhaïl est encore un peu affaibli.
- Cela passera, expose Célia, tu vas très vite te remettre. Il est normal qu’il en soit ainsi.
- Vous avez accompli là une véritable résurrection, assure le premier Panresu.
- Ce lieu guérit tout, reprend le sage Darsimen, qui pilote le vaisseau. N’étais-je pas un vieux farfelu, avant d’être entré en ce royaume ? demande t-il en riant.
- Vous aviez juste… quelques absences mon ami, assure Panresu. Vous nous avez sauvé du péril avec un à propos parfaitement saisissant.
- Il y avait beaucoup de voix, beaucoup de présences en ces galeries, relate le sage. Des présences invisibles et omniscientes.
Le vol dure longuement, quelques heures plus tard, leur jolie petite tour saumon est en vue. Le navire se pose et chacun entre à l’intérieur pour se restaurer, car évidemment, ils ont prévu une petite fête en l’honneur de Lokhaïl.
Les aliens parlent également de biologie, un sujet qui les passionne. Célia montre sur un écran une prise de vue, révélant le tissu de l’encéphale d’un jeune clone parfaitement rétabli. La structure est jaune, parée d’or et de vert, et elle rappelle un peu ce que l’on voit lorsque une caméra s’approche de la surface de l’eau. D’une part, le tissu est formé de fines bulles, de turbulences et d’autre part, sous une délimitation arrondie, il existe une structure admirable comprenant des stries et des formes rayonnantes faisant penser à de la végétation.
- La trame de l’ADN de cette jeune enfant a été réordonnée de la même manière, elle est à présent en parfaite santé. D’autres êtres souffrant de lésions céphaliques ont subi des soins visant à activer la repousse du tissu mou, il ne subsiste par de vides mémoriels ou de pertes de contrôle neuromusculaires.
- Vous êtes vraiment de très grands guérisseurs assure le sage Lestrys, j’ai souvent rêvé de pouvoir agir de la sorte.
- Et ce rêve est vôtre à présent, nous devons encore agir pour recueillir des groupes d’aliens qui ont besoin d’être guidés et soignés. Il existe également parmi eux des habitants de la surface de la Terre. Nous avons soigné de même beaucoup d’humanoïdes, ils sont les très bienvenus en nos cités, assure Célia.
La fête se poursuit, jusqu’à ce que la pénombre se déploie au dessus des montagnes.
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Là, le premier Panresu et sa famille décident de prendre congé, ils regagnent leur vaisseau et s’envolent dans le ciel jaune pâle, paré de nuages ardoise.
Le sage Lestrys et Stency s’approchent du petit Lokhaïl, et viennent auprès de lui pour le rassurer. Le jeune alien est étendu en sa chambre douillette, aux murs composés de boiseries sculptées avec goût. Les enfants fixent le sage Darsimen qui leur conte une histoire. On entend le murmure du vent qui souffle haut sur les sommets à l’extérieur.
Puis, Paul souhaite bonne nuit au petit alien qui s’est attaché à lui, le jeune Nimlin.
Les adultes redescendent en bas pour ranger la vaisselle et nettoyer le sol. Paul est un peu déstabilisé.
- C’est incroyable que cet enfant voie en moi un père ! Je n’ai rien fait pour cela et je suis loin de savoir m’occuper d’un jeune alien… expose t-il
- Vous vous en sortez très bien assure Célia. Cet enfant a besoin d’être rassuré par quelqu’un d’affectueux et vous êtes celui qu’il a choisi !
- Je ne suis pas ….
- Un alien ? Mais lui s’en moque, vous le voyez bien, déclare Célia avec gravité. Nous sommes identiques, à l’intérieur, mon ami, nous sommes tout comme vous capables des mêmes émotions, de la même appréhension du bonheur familial. Le visage que nous arborons peut tromper notre raison, mais en aucun cas notre cœur, notre âme. Si cet enfant a été placé sur votre chemin et qu’il vous a ainsi reconnu, c’est que vous êtes appelé à vivre des choses heureuses.
Paul ne souffla mot, impressionné de cet argumentaire. Il remballa des plats et les mit au frais pour le lendemain, puis il partit se coucher, un peu plus heureux.
Les jours qui suivirent ces événements furent emplis de joies, d’excursions nombreuses sur les pentes de la montagne. Le jeune Lokhaïl avait retrouvé toutes ses forces, il gambadait dans les prés avec les autres enfants.
A l’occasion d’une très longue excursion sur l’un des plus hauts sommets garnis de glace, notre famille fit une rencontre tout à fait heureuse. Un groupe d’une vingtaine de peintres se tenait là, il y avait là des aliens, des humains et parmi eux plusieurs jeunes femmes.
Remarquant le regard ébloui de Paul et Laïev, le sage Darsimen philosopha.
- Notre venue en ce lieu n’est point un hasard, ces fleurs étoilées semblent ravir votre esprit et votre cœur, les emportant en des cieux lointains, émit-il avec amusement
- Vous faites erreur, voyons, répondit précipitamment Paul, qui était fasciné visiblement par une jeune peintre au visage tendu par la concentration
Laïev, nullement intimidé, se présenta et parla à un groupe de cinq peintres, dont quatre jeunes femmes.
- Allez donc parler à cette jeune dame, vous ne le regretterez pas mon ami, assura le sage Eratsu. Ceux de votre monde sont rares en ces contrées. N’êtes vous point désireux de lui relater tout le péril que nous avons traversé ?
Paul fixa les enfants occupés à gambader dans l’herbe et se décida finalement. Il avisa la jeune femme aux yeux bleu pâle, coiffée avec peu de soin et emportée par sa création visiblement. Sa blouse était couverte de taches de peinture et il remarqua plusieurs pots de pigments qu’elle avait apportés avec elle. Il engagea une conversation hésitante. Une chose était sûre, cette jeune peintre vivait pour son art et elle avait beaucoup de talent, constata t-il.
- Alors ? demanda Eratsu un peu plus tard.
- Elle est plus insaisissable que l’air, avoua Paul très peiné. Et peu portée sur la conversation.
- Oui, nous l’avons troublée en plein travail. Mais qu’importe, nous reviendrons, assura l’alien très confiant.
- Mais enfin, que cherchez-vous à faire ? grommela Paul.
- A vous rendre heureux, émit simplement l’alien. Nous sommes votre famille à présent, mais je sens que vous souffrez de certains aspects de cette vie, de la solitude. Les nôtres pouvons aisément ressentir et vivre une parfaite complétude, en nous immergeant dans la haute énergie de ce lieu. Pour un être humain, l’énergie circule différemment, et les vôtres ont souvent besoin d’une compagne, cela me semble évident.
Paul, qui était assez intimidé pour oser parler de ses émotions, devint complètement écarlate.
- Je suis très heureux parmi vous, comme jamais, mais en effet, je serai comblé de trouver celle qui manque à mon cœur, finit-il par avouer.
- Excellent, nous allons vous y aider ami, répondit le sage Darsimen. Oubliez-vous que nous sommes prescients ? Nous vous déposerons en un endroit de la montagne où la dame aime à se promener ! ajouta t-il avec un fol entrain.
Et il en alla ainsi. Nous étions fermement décidés à aider notre ami à devenir l’homme le plus heureux du monde. Les nôtres savons aisément déceler les émotions des Terriens. Pour nous évidemment il s’agit d’une orchestration très subtile, qui se met en place au fil du temps entre deux êtres, et assister à la naissance de cette belle magie, nous transporte au sommet de notre état d’êtreté.
Il s’agit d’une convergence énergétique extrêmement élevée, qui bien sûr ouvre de très grandes portes. Très conscients que les Terriens n’absorbaient pas les pensées et les émotions de la même manière que nous, nous souhaitions agir rapidement afin d’aider Paul à revoir la belle inconnue.
J’ai été ravie de délivrer ce message et de vous offrir autant de pensées bienheureuses. Je pense souvent aux habitants de la surface du monde, à ce que vous êtes, ce que vous faites, chaque jour. Je contemple les cieux et je me dis que vous nous êtes identiques, vous êtes nos frères, nos sœurs, recevez tout mon amour,
Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :
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