par Nassrine Reza
La plupart des techniques thérapeutiques promeuvent l’importance de gérer et de libérer les émotions dites négatives. Cette manière d’aborder le système émotionnel paraît a priori intéressante, mais si nous observons de plus près le mécanisme sous-jacent de cette approche basée sur la gestion, nous réalisons rapidement qu’il repose fondamentalement sur un processus de rejet face à ce que l’individu expérimente dans son for intérieur. Or, l’objectif de toute approche thérapeutique est d’instaurer un état de bien-être, mais comment pourrions-nous goûter à notre paix intérieure, si nous combattons en même temps ce qui se manifeste en nous ?
Nous partons très souvent du principe que notre épanouissement repose sur l’absence de sentiments déplaisants. Mais dans ce cas, l’épanouissement serait d’une futile durée. En effet, la vie est composée de multiples vagues. Certaines sont plus intenses que d’autres. Lorsque nous réalisons que notre expérience terrestre baigne dans une énergie duelle, nous comprenons que les émotions négatives et positives se succèdent inlassablement. Fondamentalement, c’est l’état de combativité mentale qui est l’obstacle au bien-être et non pas l’émotion elle-même. Le mental a été conditionné à faire taire toutes les émotions dites négatives et ce faisant, elles paraissent s’intensifier. Oui, il s’agit uniquement d’une impression, car en vérité l’émotion ne s’amplifie jamais. Ce qui prend de l’ampleur et qui rend la vie hautement affligeante est l’état de combativité face à ce qui est vécu intérieurement. La lutte mentale génère du stress qui est la cause première du déséquilibre physique, psychique et émotionnel parce qu’il déshydrate instantanément notre corps. Toutes les fonctions du corps ont besoin d’eau et le taux hydrique intra-et-extracellulaire diminue à chaque fois qu’un stress apparaît. Un cercle vicieux se met ainsi en place : Émotion négative – lutte mentale – stress – déshydratation.
Or, si nous permettions à nos émotions d’être présentes, sans vouloir les gérer ou les libérer, elles deviendraient une précieuse source de guérison. Les émotions dites négatives, telles que la peur, la colère, la tristesse et toutes leur déclinaison sont hautement bénéfiques ! D’une part pour l’équilibre du corps physique : Elles engendrent des modifications épigénétiques capitales au maintien de la santé et permettent le passage de l’eau à l’intérieur des cellules. D’autre part, elles contribuent à un état mental serein et à un système émotionnel sain. Mais ces émotions deviennent uniquement bénéfiques, si nous ne luttons plus contre elles. D’ailleurs, vouloir libérer une émotion représente le plus haut degré de lutte face à celle-ci !
Alors, si cela résonne pour vous, je vous invite à faire l’exercice ci-dessous, à chaque fois qu’une émotion dite négative apparaît.
1) Reconnaissez l’émotion :
Offrez-lui votre attention un instant en lui disant : « Chère émotion, je te vois ».
2) Demandez-vous si elle vous appartient personnellement ?
Vous verrez que ce n’est que très rarement le cas. Effectivement, cette émotion a déjà été présente dans vos lignées familiales avant même que vous naissiez. Observez que cette émotion vous apparaît, mais qu’elle ne vous appartient pas personnellement. Tout en restant en contact avec elle, je vous suggère de vous dire de vive voix : « J’observe une tristesse, une colère ou une peur ». Évitez de vous approprier cette émotion et ne dites plus : « Je suis triste, en colère ou j’ai peur ». Ainsi, dans cet état d’observation et de détachement, vous créez automatiquement un espace d’accueil pour elle.
3) Accueillez-la avec bienveillance :
Dites-lui simplement : « Chère émotion, tu ne m’appartiens pas, mais je te donne enfin le droit de vivre dignement ». Oui, dignement, parce que cette pauvre émotion a été banni maintes fois ! À combien de reprises, l’avez-vous rejetée avec force en essayant de la gérer ou de la libérer ? Même si elle ne vous plaît pas, n’a-t-elle toutefois pas le droit d’exister ? Imaginez que cette émotion soit tel un enfant orphelin, qui vient frapper à votre porte. Il est amaigri, il souffre terriblement. Il n’a pas choisi de s’appeler « colère, peur ou tristesse ». Il n’a pas choisi d’être orphelin et encore moins de subir toute cette violence et ce rejet à son égard. Lui claquez-vous la porte au nez, parce sa tête ne vous convient pas ? L’unique chose dont cet enfant (cette émotion orpheline) a besoin est : un peu d’attention, un peu d’amour et un espace d’accueil. Si vous lui ouvrez la porte, alors vous lui offrez enfin la chance de guérir ! Permettez-moi une petite parenthèse : Il n’est absolument pas nécessaire de comprendre pourquoi une émotion se manifeste. La compréhension n’engendre aucun changement durable. Au contraire, vous allez alourdir votre pauvre mental par davantage de questions et d’analyses, qui ne permettront jamais l’accueil émotionnel. Si vous devez comprendre quelque chose, les informations vous parviendront spontanément puisque vous êtes naturellement doté d’intuition.
4 ) Buvez de l’eau plate.
Dans cet état d’accueil, les cellules du corps peuvent à nouveau s’hydrater. Le passage de l’eau à l’intérieur de celles-ci est à nouveau possible et ce, parce que vous ne tentez plus de bannir l’émotion en question. L’eau est la première source d’énergie nécessaire à l’équilibre physique, mental et émotionnel. Comprenez, qu’il ne vous sert strictement à rien d’entamer un processus de développement personnel, de prendre des compléments alimentaires ou de suivre un régime alimentaire aussi sain soit-il, si votre corps ressemble à un terrain aride. Vous pouvez nourrir votre corps avec les meilleurs aliments qui soient, mais s’il manque d’eau, il n’a pas l’énergie nécessaire pour en extraire les précieux nutriments ! Toutes les graines que vous allez semer, pourront uniquement apporter leurs fruits, si vous vous occupez avant tout de la qualité de cette terre (de ce corps). Et à votre avis, combien de fleurs pourront éclore, si votre corps est dans le « désert » ? Comprenez également que boire de l’eau plate n’est pas uniquement salutaire pour les fonctions physiques, puisqu’elle influence directement votre état mental et émotionnel. Mais le point le plus important ici est le suivant : buvez l’eau en étant relaxé. Si vous vous hydratez le corps crispé et en étant stressé, l’eau ne parviendra jamais à l’intérieur des cellules ! Il ne s’agit pas non plus de se « noyer » dans l’eau, mais d’en boire régulièrement. La quantité sera déterminée par les besoins de votre corps, qui fluctuent sans cesse. Donc faites-lui confiance. Fermez les yeux et laissez votre corps gérer la quantité d’eau nécessaires à ses besoins du moment.
5 ) L’accueil n’est pas l’attente d’un changement.
L’attente d’un changement est synonyme de lutte intérieure. L’invitation ici n’est pas de faire l’exercice en attendant que quoi que ce soit se transforme. Au contraire, l’invitation sert simplement à expérimenter, sans conclusion. Accueillir, c’est embrasser toutes nos manifestations intérieures. C’est aussi embrasser l’état de lutte, car l’accueil est une énergie « inclusive ». Alors, si vous observez qu’il y a du stress ou l’envie d’un changement, n’essayez surtout pas d’aller à l’encontre de cela. Observez le stress, souhaitez-lui la bienvenue. Ainsi, il ne sera plus nourri par la lutte et ce faisant, il n’aura plus la capacité de se maintenir.
6 ) Remerciez-vous !
La plupart des êtres humains rendent grâce à d’innombrables choses, sauf à eux-mêmes. Je vous invite à vous remercier, à vous féliciter, à vous valoriser, à être fier de vous ! Vous êtes unique au monde et tellement précieux pour l’humanité, alors, soyez généreux envers vous-même et envers tout ce que votre corps, votre mental et votre système émotionnel vous transmettent comme informations. Ils sont vos trois fidèles alliés, sans lesquels votre aventure terrestre ne pourrait avoir lieu. Et n’oubliez pas qu’ils sont dotés d’un savoir inné, auquel vous seul avez accès. Alors, ralliez-vous à eux et entamez votre aventure terrestre dans une dynamique de collaboration et d’accueil !