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Nombre de chercheurs croient sincèrement qu’ils veulent trouver la vérité et que cette vérité les libérera. Ce qui se passe, c’est que la plupart du temps ils ont déjà décidé du visage que doit avoir cette vérité. Tout d’abord, il y a souvent la conviction que celle-ci est quelque chose d’objectif et qu’elle peut s’obtenir. Ensuite, vient la présomption qu’il existe un chemin conduisant à la vérité, à la liberté, à l’illumination, à la réalisation du Soi, et que ce chemin peut être révélé au chercheur par un maître réalisé. Pour parvenir à « l’obtenir », comme on l’espère, il suffira de suivre ce chemin.
Sur le marché spirituel, nous trouvons une profusion de chemins parmi lesquels choisir, et le chercheur fait généralement le tour de l’offre pour en trouver un qui lui convient.

Eckhart Tolle dit ceci d’une telle voie : « Quiconque cherche Dieu par une voie particulière obtiendra la voie et perdra Dieu caché dans la voie. Mais quiconque cherche Dieu sans aucune voie particulière LE trouve tel qu’Il est réellement… et Il est la vie elle-même. »

La plupart de ces voies s’embarrassent de restrictions, de discipline et, d’une manière ou d’une autre, de l’exigence d’être vertueux. La façon dont restrictions et discipline peuvent mener à la liberté n’est pas absolument claire. Mais malgré tout le chercheur croit qu’en suivant avec diligence le chemin choisi, ses efforts lui vaudront d’acquérir du mérite. Ceci devrait le qualifier pour une promotion cosmique ; Dieu (ou quel que soit votre nom préféré pour désigner l’ultime) est censé récompenser ces efforts, soit en se révélant, soit en accordant sa grâce au chercheur sous la forme d’un grandiose et suprême « happening » qui révèle la vérité. Cette révélation est censée être l’illumination ou aboutir à son obtention. L’illumination dans ce scénario est conçue comme un état éminemment désirable. Elle devrait, une fois pour toutes, mettre fin aux problèmes de la vie et transformer la personnalité du chercheur, faisant de lui le siège de pensées pures, de l’action juste, de l’amour rayonnant, et d’un état de félicité éternelle.

Généralement, le chercheur essaie de trouver un maître ou un sage susceptible d’aider à obtenir cette expérience. Cet « être réalisé » doit non seulement être un sage, mais typiquement il est aussi censé être un saint. Les listes des « désidératas » des chercheurs à propos du guru reflètent cette idée et comportent toutes sortes de traits de caractère désirables : aimant, tolérant, patient, ascétique, végétarien, charismatique, authentique, etc.

Le vrai maître, c’est la vie elle-même. L’invitation à voir cela vous est présentée en cet instant même : être guidé par un maître « officiel » n’est pas nécessaire, même si c’est utile à beaucoup. Il n’est pas de règles fixes quant à la manière dont l’éveil devrait se produire. Le problème avec les idées préconçues concernant le très convoité Saint-Graal de la vérité et l’emballage dans lequel il doit être livré, c’est que ces idées empêchent le chercheur de voir que la libération qu’il recherche est toujours pleinement présente et instantanément disponible.

Ramana Maharshi disait :
« Ne faites aucun effort pour atteindre ou pour renoncer ; votre effort même est asservissement. »

Au lieu de voir directement ce qui est, le chercheur continue d’attendre l’illumination comme un événement à venir ; n’admettant pas qu’il est déjà – et a toujours été – dans sa « vraie demeure ». Il essaie souvent de s’imaginer comment ce serait s’il parvenait à atteindre la compréhension finale et totale où Dieu et l’univers révèlent leurs secrets. Ce faisant, il néglige le fait que son esprit à la fois apparaît dans cet univers et en fait indissociablement partie, et n’est par conséquent pas qualifié pour l’appréhender dans sa globalité.

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Renoncer à ses attentes en faveur d’une impulsion à accepter simplement ce qui est pourrait créer une vacuité susceptible d’être emplie d’alternatives surprenantes. Par exemple, il pourrait être constaté que trouver ne survient pas du fait de chercher, mais suite à l’abandon de la recherche ; qu’il ne s’agit pas de quelque chose à voir, mais du « voir » même. Les croyances les plus chères pourraient se révéler comme obstacles conceptuels, et les pratiques spirituelles comme une façon d’éviter de plonger le regard au cœur du sujet. Ce regard direct met en lumière l’illusion de l’existence d’un chercheur séparé pouvant parvenir à destination – l’illumination – quelque part dans l’avenir.

Par conséquent, recherche et chercheur sont tous deux anéantis dans la réalisation que l’on est déjà « à destination », déjà « chez Soi ».
Au chercheur épuisé, je voudrais dire : « Laissez tomber la recherche et laissez tomber vos concepts. Arrêtez de tourner en rond. Asseyez-vous et détendez-vous ». Lâcher vos idées préconçues pourrait soudain détourner votre attention de l’horizon lointain sur lequel elle demeure fixée dans l’attente d’un événement grandiose ou extraordinaire, et révéler la merveille qui existe sous vos yeux, derrière et dans vos propres yeux. Par ce lâcher-prise, vous pourriez vous retrouver ouvert au maîtres les plus inattendus et peut-être même vous retrouver en leur présence.

Mais qu’il soit clair toutefois que Pure Conscience est tout ce qui est et que le concept d’un maître « là-bas » n’existe que du point de vue d’un chercheur imaginaire. Les vrais maîtres, par conséquent, ne se considèrent pas du tout comme des maîtres, mais savent que vous vous considérez comme un disciple. Ils vous diront que vous êtes cela ; et quand vous direz : « Oui, mais » ils répéteront la même vérité ou bien vous diront de vous détendre, ou de balayer le plancher, ou de vous taire ; ou peut-être demeureront-ils eux-mêmes silencieux. Quoi qu’ils disent, fassent ou ne fassent pas, ils ne sont probablement pas tels que vous vous les représentiez.

Léo HARTONG
Depuis http://www.choix-realite.org/