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par Ginette Forget 

C’est quoi, au juste, être Présent ?

Est-ce que, lorsque nous sommes Présents, ça veut dire que nous devenons des êtres insensibles ?

 

Peut-être pourrait-on définir ensemble la sensibilité et l’émotivité.

Pour moi, rester sensible, c’est vraiment important parce que la sensibilité, c’est quelque chose qui définit, c’est quelque chose d’humain, d’Amour, d’Être. Nous sommes des êtres sensibles, et tant mieux. C’est ce qui fait d’ailleurs que nous sommes heureux de nous voir, de nous rencontrer, de passer du temps ensemble et de partager, tel que nous le faisons ; même si nous savons que cette rencontre est de Soi à Soi, quelque part. Je trouve ça très beau.

 

Alors, cette sensibilité, elle est bienvenue.

Cette sensibilité, c’est ce qui nous permet justement d’arriver ici (en Soi), de se poser là, d’être dans cette présence, Ici-Maintenant, à ce qui EST ; et de voir toutes les textures de ce qui peut passer.

 

L’émotivité, c’est autre chose.

L’émotivité, cela veut dire que je prends cette sensibilité, je l’attrape et je me fais mon propre scénario ici, à l’intérieur de moi. Je me raconte une histoire, je la crois. En plus de la croire, très souvent, je veux que les autres la croient et tout ça ne fait que s’entretenir. Ça s’entretient, ça monte, ça fait des histoires, des émotions, du stress. C’est là que ça devient de l’émotivité, la grosse émotion qu’on va jouer, on va tourner dedans et on va vouloir que les autres pensent comme nous, ressentent ce qu’on ressent, voient ce qu’on voit. Ça devient un piège.

 

J’ai envie de faire la part des choses et de voir qu’une belle sensibilité, c’est extraordinaire, parce que c’est ce que nous sommes. L’Amour en lui-même, il est vivant. L’Amour… Il est sensible, cet intime qui se vit.

 

L’émotivité peut créer des guerres, peut créer de grandes difficultés, des maux, tant des maux physiques que d’autres. Ils peuvent amener énormément de stress, de la tension. On le voit dans ce qu’il se passe maintenant, dans tout ce qu’on vit partout dans le monde, les gens qui en font une histoire personnelle, qui en font « toute une histoire » sont tellement bouleversés que cette émotivité crée des tensions qui peuvent amener à des discordes, à une certaine forme de guerre.

 

Je peux être sensible à tout ça sans pour autant entretenir ce qui est en train de se passer, VOIR ça et regarder ici, en moi : Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça se passe ici, en moi ?

 

Ça me tenait à cœur de prendre le temps de partager cela avec vous.

Dans tous ces événements qui se passent, je trouve que c’est important de pouvoir parler de ça.

 

Ginette lit une intervention sur le chat :

– « Je suis d’accord, mais parfois ce n’est pas supportable d’être hypersensible. Décalage avec les autres, mais aussi source d’une grande créativité. Disons qu’il ne faut pas avoir peur d’être seul.e »

 

C’est intéressant. L’hypersensibilité, je crois que je la mettrais dans l’émotivité.

Être hypersensible, pour moi, c’est être émotif. Et oui, l’émotivité amène tous ces états.

Une manière de différencier les choses, je pense, c’est que dans la sensibilité, l’histoire est là, face à moi, je la ressens ; je peux ressentir une tristesse profonde, dans un instant précis, face à un évènement qui se passe parce que je suis sensible à cela ; mais si, une heure après, le lendemain, trois jours après, je suis toujours sur cette histoire-là parce que je l’entretiens, je la tourne, je n’arrête pas d’en parler, je veux prouver que, je veux voir que, je m’informe sur tout ça… Là, j’en fais une histoire. Là, je rentre dans une hypersensibilité ou une hyperémotivité : je fais une histoire avec ça.

 

C’est un sujet sensible, n’est-ce pas ?

Je suis bien consciente de cela, mais je trouve important d’en parler parce que j’ai eu des commentaires cette semaine qui disaient que, quand on est une personne supposément Spirituelle, Présente, Éveillée – tous les noms qu’on peut mettre là-dessus – c’est comme si, tout à coup, on devenait des être insensibles. C’est insensé ! C’est complètement insensé parce que l’humain, de soi, est un être sensible.

 

L’Amour, c’est neutre, mais à la fois, c’est plein de vitalité ; et la vie, elle est comme ça. Être touché, c’est au moment où cela se passe… que ça se passe (en Soi). Ce qu’on en fait après, tout se passe là, en fait.

 

Tout ce qui se passe… Qui va voir ça ? C’est ma propre interprétation de ça. Et mon interprétation n’est pas nécessairement la vôtre. Mon interprétation, elle est unique à ma vision autant que votre interprétation est unique à votre propre vision, selon votre propre histoire, selon ce qu’il se passe dans votre vie.

On a tous raison. Personne n’a raison, personne n’a tort. On a tous raison parce que c’est nous, à partir de notre histoire personnelle.

 

Ginette lit une intervention sur le chat :

« Comme tu le dis souvent, c’est le regard que l’on porte qui fait la différence. Il n’est pas question d’être insensible. »

 

Je suis contente de prendre ce temps-là avec vous et qu’on puisse éclaircir ça.

Ça me touche, vous voyez, je ne suis pas insensible à ça. Cela me touche d’entendre des gens – et même, parfois, ça me met en colère – d’entendre des gens qui me disent « Oh, mais tu t’es fâchée ! Tu es sensible ? Tu es triste ? Mais une personne qui est comme ça ne devrait pas être triste ! »

C’est n’importe quoi ! On est humains, d’abord et avant tout.

Nous sommes des êtres humains.

Des choses vont se passer, qui vont toucher ; mais elles touchent Ici-Maintenant, dans l’instant. C’est là que Ça se passe.

 

Ici-Maintenant, ce qui se passe, ça me touche.

 

On a une amie qui vit une situation très difficile. C’est normal d’être touché. Ici-Maintenant, c’est touché. Quand on fait le deuil d’un être cher, par exemple, il se peut que cette émotion revienne tout au long d’une journée, d’une semaine, et même pendant quelques mois. Mais cette émotion – je m’ennuie (de cette personne), de peine, de tristesse, de cette séparation – elle est Ici-Maintenant et elle nous traverse, tout simplement.

C’est très important de pouvoir être traversé par cette émotion ; il se peut que cette émotion traverse régulièrement. Sachant qu’elle ne fait que passer, je peux complètement l’embrasser. C’est OK d’être triste, d’être en colère, d’avoir de la peine. Nous sommes des êtres VIVANTS.

La perte d’un être cher crée une émotion et c’est normal. Cette émotion-là, elle va rester pendant quelque temps si c’est un être très proche de soi.

La grande différence, c’est d’y accrocher une histoire et de rouler cette histoire constamment comme ça (dans la tête).

Alors, est-ce que je peux VOIR ce qu’il se passe, la laisser me traverser ? Dire OUI, un grand OUI aimant, bienveillant à cette tristesse qui est là ? Sachant qu’elle ne fait que passer. C’est OK d’être triste.

 

Être triste, c’est une belle sensibilité et parfois, cela arrive même par surprise. À un moment où on ne s’y attend pas, tout à coup, on voit quelque chose qui nous fait penser à cette personne… L’émotion arrive… elle surgit. C’est OK. On la laisse être là.

Ce sont des vagues qui passent et qui vont passer encore et encore, jusqu’à ce que ça prenne suffisamment de distance pour être de moins en moins fréquentes.

Ça, dans le temps, c’est différent pour chacun.

 

C’est avec une bienveillance infinie que je peux VOIR que je pense à ça tout le temps, et c’est OK.

Je dis Oui à ça, je dis Oui à ça et je dis Oui à ça.

Il y a des situations quand même bien particulières et il y a la vie de tous les jours, tout ce qu’il peut se passer autour de nous, des histoires qui vont réveiller en nous des mémoires, et qui font ressurgir certaines émotions, certaines pensées, certaines croyances qu’on pensait ne même plus avoir.

 

On voit bien, finalement, que tout ce qui se joue est vraiment en lien avec ce que je suis en train de VOIR dans ma réalité et que, pour chacun, cette réalité est différente.

 

Il est certain que, quand on vit une situation sociale, mondiale, familiale, on est plusieurs à voir cette même réalité, mais même dans ce « plusieurs à voir cette même réalité », vous pourrez observer très clairement que chacune des personnes qui voit cette même réalité, l’interprète ou la vit de façon différente.

C’est le propre de l’humain.

 

Il y a ça – un événement, différentes interprétations, différentes façons de le vivre, de le voir – mais il y a Une Seule Réalité qui soit, c’est Ça, ici (en Soi).

On voit bien, dans ces moments de grande sensibilité, que le seul lieu où on peut se retrouver à l’unisson, c’est le Cœur, c’est l’Amour.

Là, on va se retrouver au Coeur du Coeur, dans cet Amour, dans cette bienveillance… et là, on va être à l’unisson.

 

Même si notre façon de vivre un événement est totalement opposée, lorsqu’on se retrouve au niveau du Coeur, nous sommes au diapason les uns avec les autres, dans ce seul endroit immuable qui Est ; parce qu’au-delà de l’histoire, l’Amour est toujours là à 100 %, la vie est là à 100 %… « ÇA » est là.

Soit, je suis dans l’histoire, soit, je suis dans mon Cœur où il y a une histoire qui se joue, mais qui n’est plus crue, à partir de là.

Cela ne veut pas dire qu’elle est niée, qu’elle n’est pas vue, mais elle est dans ce centre d’Amour total. Cela ne veut pas dire que nous sommes des êtres insensibles et que nous ne ressentons rien. Tant que nous allons être humains, que nous aurons un corps, nous allons continuer à avoir des sensations qui passent.

Je ne sais pas si cela vous permet d’éclairer un peu ce que cela fait pour vous.

 

Ça me touche quand j’entends des gens dire qu’on ne devrait rien sentir.

C’est impossible.

Sentir, c’est OK.

S’y accrocher, c’est autre chose.

En faire toute une histoire, c’est encore autre chose.

Vouloir justifier, expliquer, juger, c’est encore autre chose.

Est-ce qu’on peut regarder ça de façon neutre ?

Sentir, et après pouvoir s’en détacher…

 

Qu’est-ce que l’Amour ferait ?

Comment ferait l’Amour dans ça ?

Je ne dis pas de ne rien sentir, de ne pas être insensible, mais de VOIR vraiment dans le Coeur : C’est quoi la réelle sensibilité qui est là ? Qu’est-ce que ça vient toucher ? Qu’est-ce que ça vient toucher au plus profond de moi ?

 

Prendre le temps de sentir et de dire Oui à Ça.

Pas ne plus vouloir sentir ce qui est là, dire un grand Oui à ça.

Je me permets de sentir « ça » qui est là, je dis Oui à ça.

Et là, je regarde : Qu’est-ce que ça touche en moi ? Qu’est-ce qui est touché ici, en moi ? Ça ne parle toujours que de mon histoire, ça n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dehors. Je suis ramenée Ici. Ici, à sentir ce qui est là (en Soi), dire Oui à ça qui est là, avec bienveillance, avec amour, à me poser là, avec ça.

 

Oui.

Voir Ici…

Comment ça se passe, Ici ?

 

Ici…

Dans cette sensibilité, dans cette conscience du vivant, de ÇA qui est là…

C’est tellement facile de se laisser prendre dans l’histoire.

 

L’histoire n’est jamais là pour nous détruire.

L’histoire, elle est là pour me permettre de voir ici, en moi, ce qu’il se passe ; à la limite souvent cela n’a rien à voir avec l’histoire, mais ça va réveiller en moi quelque chose qui veut simplement être VU ; parce qu’aussitôt que je vois ça, ça fait «Ah !… ».

 

Quand « ça » s’est vu, « ça » tombe.

 

Sensibilité, conscience de cette réalité unique de l’instant, dans l’instant.

 

Voir que, quand je tombe dans de l’émotivité – ou l’hypersensibilité, qui est un synonyme pour moi de l’émotivité – c’est parce que je suis en train de nourrir l’histoire moi-même.

Ce qui fait que cela dure dans le temps, c’est que je nourris ça.

Cela ne veut pas dire de fermer les yeux et d’être inconscient, ça veut dire de voir ça, puis de le lâcher, enlever les mains, laisser Ça faire, et faire confiance que Ça sait ce que ça fait.

 

Quand on veut prendre tout en charge, c’est comme si on disait que la vie ne sait pas ce qu’elle fait, mais moi, je le sais. C’est un peu prétentieux à la limite.

 

La vie sait ce qu’elle fait.

Des fois, on en doute un peu… On pourrait se dire « Hum, pas certaine que la vie sache ce qu’elle fait… »

Eh oui, la vie sait ce qu’elle fait, tout le temps, mais moi, je peux juger que la vie semble ne pas savoir ce qu’elle fait. C’est là toute la nuance.

 

Je ne sais pas pourquoi « des choses comme ça se passent », mais j’ai cette confiance absolue d’être portée, Aimée et d’être en sécurité. C’est là la différence.

Je peux être touchée dans quelque chose de très humain qui se passe, qui vient me toucher vraiment dans l’instant, mais après, c’est lâché. Il y a cette confiance absolue qui arrive, que tout est au bon endroit, au bon moment, à faire exactement ce que ça a à faire, puisque c’est comme ça. Et ce n’est pas de la soumission. On ne parle pas de ça non plus. C’est revenir dans cet espace d’Amour infini et VOIR, qu’au-delà de tout ça, il n’y a que l’Amour.

 

On peut voir – dans tous les événements passés, dans tout ce qu’il y a eu dans l’histoire – que, quand on a un certain recul par rapport à ce qu’il s’est passé dans l’histoire, il y a Ça, ici (en Soi) qui revient, mais pendant qu’on est dedans, j’avoue, parfois, c’est difficile.

 

De grâce, restons sensible.

C’est beau notre sensibilité.

Nous sommes de beaux humains.

Et dans toute cette beauté de ce que nous sommes, il y a ça aussi, ces couleurs-là, ces nuances-là, qui sont les nôtres. Et cela, c’est magnifique. Mais surtout, ne devenons pas des robots insensibles. Non. En tout cas, moi, ce n’est pas mon point de vue.

 

Restons humains,

Restons le Coeur ouvert,

L’Amour Ici (en Soi),

Dans cette belle sensibilité qui nous caractérise…

Extraits de la vidéo : Présent… pas insensible. Transcrite avec Amour par Dominique Lahaut


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Ginette Forget

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