Par Shamalo
Qu’est-ce qui donne la force à la graine de germer, au planton de se diviser en deux, quatre, six, huit feuilles ? À l’arbre, de laisser tarir ses fleurs venues trop précoces, flétries par les froids et par d’autres années, les laisser croître, éclore et devenir un majestueux cerisier au milieu du champ, blanc immaculé.
Qu’est-ce qui donne cette force, cette intelligence à ce, visiblement, presque rien de se transformer, cicatriser, se rétracter pour mieux évoluer ; être mouvement en une pluie de mouvement, étincelle indomptable : la Lumière.
Et voilà la force propre à chacun, inhérente à nos pensées, opinions, tracas. Impalpable, diriez-vous ? Non. Elle est ce tao dont parle si bien Lao Tseu, ce qui lie chaque chose, toute chose en son sein. Dans ce cas, parlons-nous toujours de force ou plutôt d’une fluidité ? Car la force demande opposition et ici, il n’y a aucune opposition : juste un mouvement lisse et soyeux de l’univers.
Arrivés à ces strates, nous pouvons à présent parler de la liberté des choix, d’essayer, se tromper, d’expérimenter. Et là, la réalité se dilate en myriade de petites divisions d’instants, de moments. Alors qu’en réalité de la réalité, tout passe, trébuche, se relève, qu’importe. Et nous sommes au flot de cette danse rocambolesque, une respiration de la vie par vague, du plus grand au plus petit, du plus étroit et au plus étranger, du plus palpable au plus volatile. À la respiration intérieure, naturellement profond et si profondément interne qu’il se voit être l’univers du dedans, au dehors, sans séparation aucune.
Expérimenter l’univers à l’intérieur de soi, relié à tout, à soi. Mais alors, qu’est-ce « soi », à présent ? Il n’y a plus de respect à avoir pour autrui, car autrui est un autre soi. Pourquoi lui nuire, s’il est aussi proche du plus proche de nous-même ? Une part intime et singulière, liée à la plus secrète des portes recherche depuis des éons aux tréfonds de notre antre et si simple à ouvrir que les courants d’air passent, vont et viennent comme bon leur semble. Ai-je dû ouvrir une porte close ? Non. Elle était grande ouverte dès notre arrivée sur terre. Et était-ce une porte après tout ou un petit oubli, une parenthèse d’expérience matérielle, dure et solide que l’univers nous confère pour mieux le retrouver au hasard d’un détour : l’expérience matérielle.
Marchons ensemble, vous et moi, à travers cette manne universelle, cette expérience terrestre ô combien bizarre, étrangère, éloignée, à l’apogée de la frénésie qui frotte, martèle et polit l’âme. Plongeons dans l’eau claire et limpide qui baigne l’humanité depuis le début de ses cycles. Nous n’avons jamais cessé de danser, au fond.
Il n’y a pas de péché, seulement des empêchés de sentir ce bain d’Amour à l’instant. Chaque chose y baigne, plantes, herbes, animal, air, eau, vent, fluides, mouvements et atomes. Tout y est. Tout : l’Amour, toi, moi, vous, eux. Et ceux dont nos yeux ne voient pas encore les contours.
Shamalo
Source : shamalo.org