Par Catherine Viel
Dans le monde réel comme dans les rêves, rien n’est tout à fait ce qu’il semble être.
J’ai passé un long moment après mon réveil à croire à savoir que le rêve était réel. Je l’acceptais sans sourciller, car il était aussi solide que le lit sur lequel j’étais allongé. En fait, il ne me venait pas à l’esprit de poser des questions. C’était tout simplement cela.
Si nous créons notre réalité, et que ma réalité ce matin consistait en ce que j’avais rêvé, cela signifie-t-il que la réalité physique correspondait à ma perception ? Si je regardais dehors, notre maison serait-elle au sommet d’une colline, et serait-elle entourée de l’herbe dorée de l’été à Lafayette, plutôt que de l’humidité verte et plate de la Californie centrale brumeuse ?
Rien n’est tout à fait aligné ce matin. J’ai dormi une bonne heure de trop. Il a plu pendant la nuit, ce qui est pratiquement du jamais vu en été à Santa Barbara. J’ai pensé à I Madonnari, et à la pluie détruisant rapidement les peintures à la craie laborieusement créées devant la Mission, les couleurs se brouillant et coulant en ruisseaux sur l’asphalte incliné du parking, les énormes peintures très détaillées se dissolvant sans laisser de trace.
Je suis toujours dans un état de suspension, le ciel couvert donnant l’impression qu’il est beaucoup plus tôt qu’il ne l’est. Il y a d’autres choses qui me semblent étranges aujourd’hui, éclairant mon sens de la réalité à travers une lentille légèrement décalée.
Je me demande si c’est ce que l’on ressent lorsqu’on reçoit une petite dose d’une drogue psychédélique, le LSD peut-être ? Pas assez pour provoquer une incapacité, mais suffisante pour sortir de l’ornière des possibles et s’engager sur un chemin lumineux qui scintille même sans soleil.
Ce sentiment que ma « réalité » n’est pas du tout celle que j’ai perçue pourrait être troublant. Mais je me demande si ce n’est pas une petite gorgée du gobelet magique de la 5D. Je suis sûr qu’une fois que j’entrerai dans le courant de la journée, la perception légèrement déformée disparaîtra et ce que j’appelle normal se remettra en place.
L’aspect le plus étrange de cette expérience est peut-être que je ne suis pas alarmé par le sentiment que mes sens ont été modifiés sans que j’intervienne. C’est comme si l’état de rêve avait laissé une porte ouverte alors que je me suis réveillé il y a plusieurs heures. Je peux franchir la porte à tout moment, entrer dans cette réalité tout aussi réelle qui n’est pas confirmée par les sens physiques. Explorer cette voie de garage séduisante qui court parallèlement à la banalité de ma vie quotidienne.
Je ne sais pas où je suis exactement, mais je ne suis pas ici. Je viens de décaler un rendez-vous chez le chiropracteur à la fin de la semaine, car dans quelques jours, j’aurai certainement retrouvé mon apparence physique habituelle. Je suis presque sûr que si j’y allais aujourd’hui, l’expérience serait surréaliste, les os malléables comme du verre en fusion, les ajustements aussi éphémères que le rêve dans lequel je flotte aujourd’hui.
English version : voyagesoflight.blogspot.com
Traduit et partagé par la Presse Galactique
