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Par Cécile

Il existe un texte écrit il y a 2500 ans qui s’appelle le Marabharata, considéré comme « le plus grand poème jamais composé ». A l’intérieur de cet immense puits de sagesse, se trouve le concept des Purushartha (en sanskrit : le but de l’existence humaine). Rien que ça! D’après ce texte millénaire, l’univers est considéré comme un être vivant composé de 4 valeurs intrinsèques. Et comme les êtres humains sont une expression de l’univers, ces 4 valeurs nous constituent aussi. L’équilibre de l’Homme comme de l’univers, passe par l’équilibre de ces 4 thématiques.  J’en ai fait l’expérience directe et je peux vous assurer, que c’est incroyablement juste comme approche. Le postulat de cette approche c’est qu’on a souvent des désirs délaissés et d’autres exagérés. Résultat : c’est bancal. Il suffit de savoir quel désir n’est pas satisfait dans notre vie, pour ramener le tout à l’équilibre. Mais lequel est déséquilibré chez toi ? C’est ce qu’on va voir ensemble.

Les 4 désirs de l’âme – Télécharger l’image

Dharma – le devoir

Le 1er désir, est celui du devoir. Tout de suite un mot qui fait peur ! 🙂 Le dharma peut être traduit de plusieurs façons : le devoir, l’éthique, le travail, la responsabilité. Mais ma définition préférée, c’est celle qui part de la racine du mot dharma: ce qui crée de la structure, ce qui rend ferme. Le dharma, c’est avoir la force de te lever chaque jour et faire ce qui doit être fait. Un parent qui n’a pas beaucoup dormi, mais qui se réveille quand même le matin pour nourrir ses enfants et les préparer à l’école. Un professeur qui a 15 ans de carrière derrière lui et qui se réveille quand même tous les matins pour apprendre à ses élèves à lire et à écrire. Un militant qui a parfois l’impression de parler dans le vide, mais qui se motive tout de même tous les jours pour sensibiliser le monde à l’acidification des fonds marins. Bref, le dharma, ce n’est pas toujours drôle, c’est parfois beaucoup de répétition, mais c’est ce qui nous permet de donner vie à nos valeurs. C’est tout ce que nous faisons pour contribuer à la société et à nous-mêmes.  

La question ici est : est-ce qu’il y a de la structure dans ma vie ? J’ai récemment travaillé avec un patient qui avait été diagnostiqué d’un cancer et qui après avoir tout donné dans sa vie au « dharma » (réussir ses études et travailler en parallèle) a décidé de se donner trois mois de pause. Je pense que c’est une excellente chose pour son équilibre et à la fois, il peut faire l’erreur inverse : après avoir suffoqué dans trop de structure, il peut totalement la perdre. Dans le deux cas, ce serait un déséquilibre parce que nous avons besoin de structure. Est-ce que ce que je fais vivre mes valeurs au quotidien ? Est-ce que je rends service au bien commun ?

Artha – les « choses »

Artha, le 2ème désir de l’âme, représente toutes « les choses » de la vie. Ce que tu peux voir, toucher, utiliser. Par exemple : ta maison, ton corps, ta vaisselle, tes ustensiles de cuisine dans tes placards, tes comptes en banque, tes vêtements, ton ordinateur. Toutes les choses que tu possèdes sont Artha. Et Artha apprécie la clarté. Imaginons que tu rentres chez toi et qu’il y a une pile de feuilles et de courrier non traités sur ton bureau, ou une boite mail qui déborde de mails non lus, ou un placard rempli de casseroles qui ne fonctionnent plus très bien et dont le revêtement se décolle quand tu cuisines. Les « choses » de ta vie s’empilent. L’énergie de Artha se bloque. Notre vie se remplit d’une énergie de confusion.

La question est : est-ce qu’il y a de la clarté dans les choses de ma vie ? Et pour aller plus loin : est-ce que j’ai des outils et des objets dont je prends soin et qui me servent ? Est-ce que mes objets me facilitent ma vie ou me la rendent plus difficile ? Quelques idées peuvent être : acheter 1 wok en fonte au lieu d’avoir 5 casseroles de mauvaise qualité, nettoyer le dossier photo de notre téléphone et bloquer les notifications de nos applications, passer un dimanche dans ses dossiers et régler enfin toutes les procédures administratives qu’on a laissé traîner. Ah, clarté d’esprit.

Kama – le plaisir

Le mot « kama » a été rendu célèbre grâce aux Kama Sutra. Mais le 3ᵉ désir de l’âme va bien au-delà de notre sexualité. Le plaisir est une composante essentielle de notre vie, le plaisir des sens, des goûts qu’on mange, de la musique qu’on écoute, des huiles qu’on met sur sa peau. Le plaisir dans la beauté, l’intimité, l’art, la douceur. Et la question du plaisir est intimement liée à la question de notre présence : est-ce que je suis pleinement présent pendant les moments où je ressens du plaisir ? Par exemple : est-ce que je mange une demi tablette de chocolat en regardant mon téléphone ou est-ce que je la mange en sentant fondre le chocolat dans ma bouche, en faisant des petits bruits de délice, en passant ma langue derrière mes dents pour tout absorber ?

La question est : qu’est-ce qui m’apporte du plaisir ? Qu’est-ce qui n’est pas forcément une activité productive ou utile dans ma vie, mais qui me fait juste plaisir ? Comment je suis quand je prends du plaisir: ici ou ailleurs?

Moksha – la liberté

La liberté est le but ultime de notre existence. La liberté de se sentir bien dans notre corps, la liberté de parler et d’agir sans culpabiliser,  la liberté de penser les choses autrement que comment nos parents nous ont appris à les penser. Pour moi la liberté, n’est pas tellement une question d’aventures à l’autre bout du monde ou d’indépendance totale vis-à-vis des autres, la liberté, c’est comment je perçois ma vie dans ma tête. Est-ce que je suis bloqué dans des schémas d’anxiété, de peur, de colère, à penser que la vie est plus facile pour les autres ou que quelque chose cloche avec moi ? Notre tête peut devenir une prison dans laquelle nous ne savons même pas que nous sommes enfermés, disait Ram Dass. C’est pourquoi, la question de la liberté va main dans la main avec la notion de contrainte. Parce que dans cette vie, les choses qui nous apportent de la liberté, passent parfois par de la contrainte. Par exemple : se contraindre à pratiquer 10 minutes de méditation en rentrant du travail (même si on n’a pas envie ou qu’on a l’impression de « ne pas savoir méditer »), se contraindre à aller à un cours de yoga par semaine, se contraindre à aller suivre des ateliers ou des conférences de personnes qui ouvrent nos horizons. Qui nous enrichissent. Parce que quand je sors de ce cours ou de cet atelier, ou de ces dix minutes de calme, ma perception du moment a changé. Je suis un peu moins enfermé dans mes soucis et mes envies, et un peu plus ouvert au monde.

La question est : est-ce que j’ai des activités qui ouvrent mon horizon ? Est-ce que j’ai un moment chaque jour pour cultiver de la paix dans ma tête? Est-ce que j’ai une certaine discipline au moment de faire les choses qui changent mon état d’esprit (même si j’ai une flemme monumentale sur le moment) ?

Bilan

Quand j’ai fait cet exercice, je me suis rendue compte que le désir de mon âme qui était déséquilibré était celui du plaisir. Je me lève tous les jours pour travailler, pour créer des contenus utiles pour les autres, je fais de mon mieux pour garder une cuisine rangée, les dossiers de mon ordinateur triés et les comptes de la maison au clair. Je suis une grande fan de livres, d’articles, de cours qui me nourrissent. Mais le plaisir.. le plaisir bête, naïf, enfantin, qui ne sert à rien, qui n’est pas là pour être utile ou intelligent, je l’aivais complètement balayé de ma vie. J’avais optimisé chacune de mes journées au maximum. Et au bout d’un moment, je suffoquais.

Voici ce que j’ai adoré avec cet outil. Je sentais qu’il me manquait quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Alors je rangeais mieux ma maison, je replongeais dans des dossiers à trier pour être sûre que tout était rangé, je lisais encore un autre livre sur la spiritualité. Bref, je faisais plus de ce que je savais déjà faire. Et c’est ça l’erreur que nous commettons tous. Faire plus de ce que nous faisons déjà trop. Alors j’ai fait une liste de ce que représente le plaisir pour moi. C’est rentrer du travail et enlever mes chaussures, puis venir m’allonger sur mon lit en caressant la couette toute douce avec mes pieds nus. C’est mettre du parfum à la maison, juste pour moi. C’est me doucher en finissant ma journée, puis me masser avec de l’huile de coco et de l’huile essentielle d’ylang-ylang. Pas parce que ça a tel ou tel bénéfice, pas parce que je dois le faire pour telle et telle raison. Seulement parce que ça sent bon et que ça me fait.. Plaisir.

À vous !

Tu as probablement une relation conflictuelle avec le désir qui est déséquilibré chez toi. Personnellement, j’ai grandi dans une famille où même le dimanche, on se réveille tôt et on se rend utile ! Pour moi, les grasses matinées, le plaisir pour le plaisir, ne rien faire, ça me fiche la trouille 😉 Et quelqu’un d’autre sera paralysé par la discipline que représente d’aller à un cours de yoga chaque semaine ou la montagne de papiers à trier sur son bureau. Intuitivement, peut-être qu’en lisant une catégorie, tu as pensé « ouhla, j’ai justement un souci avec ça en ce moment ».  C’est très intéressant de ne pas se bloquer (personne ne te juge dans cet article), mais d’aller creuser derrière le désir avec lequel tu as le plus de problèmes. Parce que c’est la clef de ton équilibre.

Comment ça marche ? Prends le temps de noter les 4 désirs de l’âme sur un papier, de voir lequel est déséquilibré chez toi et de faire plus d’actions liées au désir qui est déséquilibré. Et ensuite, fais confiance au processus.  Parce qu’il est puissant. Laquelle de ces 4 énergies a besoin d’espace dans ta vie ? Devoir, choses, plaisir, liberté ? Tu n’es pas une personne à une dimension, tu es une personne à quatre dimensions.

Ne te laisse pas tomber.

Une partie de toi a besoin de toi pour respirer. Laquelle ?

Source : https://www.lepalaissavant.fr/

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