Par Lea Dostonne
Il y a moment dans sa vie où tout part de travers. Où l’on se rend compte que tout ce que l’on fait ne vibre plus avec tout ce que l’on sent au plus profond de soi. Là quand ça arrive, c’est qu’il y a une brèche qui s’est ouverte dans la coque dur de toute la forme de notre personnage.
D’un coup, on comprend que cela n’est plus possible de vivre de cette manière. Qu’il nous est impossible d’être heureux ou en paix si on continue ainsi, car on ne peut plus se mentir à soi-même. On est face à soi, face à une nouvelle réalité, parce qu’avant, on n’était pas prêt à affronter son propre mensonge, son propre reflet, et donc sa propre ombre.
Quand l’être découvre enfin que tout ce qu’il a fait va l’encontre de ce qu’il est, il se retrouve… en fait, il tend vers sa redécouverte, mais comme les moyens qu’ils utilisent sont inefficaces pour cela, il ne sait plus quoi faire, et là est concrètement : le commencement, la potentielle redécouverte d’être autrement.
Tant qu’il n’est pas allé au bout du bout de tout ce qu’il croyait être, il ne pourra pas se retrouver, car il a besoin que tout se retourne contre lui afin de pouvoir alors transpercer à travers tout l’assaut du monde du dehors comme de celui du dedans, tout le château-fort de son personnage. Seul le siège de cette guerre infernale extérieure comme de ce chaos grandissant en lui, pourra craqueler tout son édifice illusoire.
Là, le genou à terre, presque mort alors, il pourra revivre à hauteur de ce qu’il est au plus profond de lui. Cette mort symbolique est celle du personnage, de la forme éphémère qui pendant toute sa vie la conduit à exister hors de lui-même. Et ce monde, il n’en veut plus, il le rejette, mais ce qu’il rejette est en lui et c’est ici, qu’il devra apprendre à faire le deuil de son ancienne vie.
Une fois qu’il aura compris tout le potentiel qui se cache dans son mal-être, il commencera à se lever pour apprendre vraiment à marcher. Mais une marche de l’être, qui permet d’avancer réellement, concrètement vers ce qu’il est et vers ce qu’il va redécouvrir de soi. Il va apprendre à s’observer, puisque ici finalement, il a réussi à mettre de la distance entre ce qu’il croyait et ce qu’il découvre de lui, dans tout ce qui agit en lui.
Observer ce qui se passe en soi pour y découvrir pourquoi cela arrive, à quoi cela sert et mieux à qui cela sert vraiment. L’observation de soi est l’essence de tout ce que l’on a à comprendre en soi, tant que l’on ne se donne pas les moyens de se comprendre, on ne pourra finalement avancer dans la prise de conscience de soi.
L’observation ici est sans jugement, sans attente puisque tout ce qui se passe en soi a été mis en place pour nous perdre. Comme les jugements et les attentes sont les leviers mêmes de cette perdition, ils ne servent plus à rien dans la réalité de l’être, ils étaient seulement utiles pour l’alimentation et la solidification de toute la réalité du personnage.
L’observation est là pour désactiver les processus qu’utilisaient le personnage pour nous perdre. L’observation permet de comprendre et ce qui est compris est sans cesse dépassé, transcendé et donc intégré. C’est uniquement comme cela, que l’on pourra traverser la réalité du personnage, là dans ce champ de mine qu’est le mental.
S’observer soi-même sans cesse et voir ce qui se joue en nous inconsciemment, afin de ne plus être le jouet de quiconque, mais reprendre le jeu en main et redevenir en toute conscience, le joueur, l’acteur, le metteur en scène et finalement, le créateur de tout ce que nous vivons en toute conscience.
S’observer soi-même, c’est accroitre sa conscience, sa présence et à travers cet accroissement de Soi, on s’ouvre peu à peu à sa réalité essentielle et donc à l’expérience de l’être. Ici, dans ce monde de limite et de forme, on a besoin, de s’observer soi-même pour dépasser toutes ces limites et toutes ces formes qui nous contiennent. Puisque nous projetons sans cesse nos propres limites comme nos propres formes, nous pouvons en observant en soi-même découvrir tous les processus de vie qu’il y a autant en nous qu’à l’extérieur.
Comme tout est UN, tout se projette de notre unité à travers le prisme des formes et limites qu’il y a en soi. Observer toutes ses formes et limites nous permet de nous comprendre et donc de pouvoir finalement expérimenter d’autres formes comme d’autres limites, mais plus grandes, plus harmonieuses et plus joyeuses.
Ceci est l’invitation de la vie à vivre plus sereinement ! Seul s’observer soi-même peut nous aider à nous ouvrir à cela, car ainsi, on peut déjà traverser tout ce qui nous en empêchait. Alors, on tend complétement vers sa redécouverte grâce à l’auto-observation. Il n’y a pas de meilleur moyen pour se comprendre soi-même et là est concrètement le commencement et donc la potentielle redécouverte d’être autrement.
Source : oeuvre-spirale.com