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par Xavier Bazin

Habituellement je recommande d’éviter le lait et le gluten…

Ce n’est d’ailleurs pas si compliqué.

Avec la bonne méthode, il est facile de remplacer :

  • Le lait de vache – par des laits végétaux ;
  • Les yaourts classiques – par des yaourts au soja par exemple ;
  • Le beurre des tartes ou pâtisseries – par des huiles (coco, olive) ou purées d’oléagineux (amande, noisette, etc.).

Aujourd’hui, on peut même se passer de gluten sans trop d’effort :

  • On trouve désormais un nombre invraisemblable de farines intéressantes (sarrasin, pois chiche, millet, teff, souchet, châtaigne) pour remplacer avantageusement la farine de blé ;
  • Quant au pain, il existe quantité de recettes de délicieux pains sans gluten (en voici une accessible gratuitement ici).

Mais pour le fromage, c’est différent.

C’est un aliment au goût irremplaçable !

Un jour, j’ai trouvé dans une épicerie bio un fromage réalisé à partir de noix de cajou.

Il était hors de prix, mais je n’ai pas pu résister à la tentation d’essayer. Et pour être honnête, j’ai été agréablement surpris par son goût.

Mais sur la durée, cela ne remplace pas un comté affiné, un chèvre frais ou une tomme de Savoie.

Quand on aime le fromage, s’en priver est un véritable crève-cœur !

Voilà pourquoi j’ai tenu à vous écrire cette lettre, qui va peut-être embellir votre journée !

Car je vais vous expliquer :

  • Pourquoi le fromage n’est pas un produit laitier comme les autres ;
  • Qu’il peut avoir de réels bienfaits pour votre santé… à condition de bien le choisir ;
  • Et quels sont les seuls cas (minoritaires) où il faut se priver totalement de fromage.

Mais je voudrais d’abord vous faire une petite confidence personnelle :

J’ai eu récemment un besoin IRRÉSISTIBLE d’aliments « plaisir »

L’hiver dernier, j’ai traversé une des pires épreuves de ma vie.

Vous ne vous en êtes probablement pas aperçu, car j’ai serré les dents.

Et pourtant, j’ai été à deux doigts de tout arrêter : arrêter de vous écrire, arrêter de chercher pour vous de nouvelles thérapies pour guérir, arrêter mes projets avec des médecins innovants.

Et pendant cette épreuve, j’ai réalisé dans ma chair qu’il est beaucoup plus facile de manger sainement… quand on a un moral d’acier !

Quand vous traversez des difficultés, au contraire, votre corps vous réclame des aliments de réconfort !

Quand votre cerveau est bourré d’angoisses, votre estomac demande à être gâté.

Habituellement, je n’ai aucune « tentation » pour les gâteaux ou sucreries…

…mais l’hiver dernier, j’en avais envie tous les soirs !

Alors il fallait que je fasse un choix :

  • Soit me remettre à manger du fromage – que je réservais aux « grandes occasions » ;
  • Soit céder à la tentation des « cochonneries » riches en sucres.

Et croyez-moi, du point de vue santé, le calcul est vite fait !

Je vous ai déjà écrit que le sucre est l’aliment préféré du cancer.

C’est aussi le pire ennemi de votre microbiote, votre flore intestinale… et l’une des causes majeures de l’épidémie actuelle d’arthrose, de diabète, d’hypertension… et même de la maladie d’Alzheimer !

Donc si vous devez choisir entre ces deux aliments plaisirs – fromages ou sucrerie – sachez qu’il n’y a pas photo !

Le fromage a même de réelles vertus pour votre santé :

Un produit laitier, certes, mais fermenté !

L’énorme différence du fromage avec le lait simple, c’est qu’il est fermenté.

Résultat : le fromage ne contient presque plus de lactose (le sucre du lait) :

Même le fromage qui contient le plus de lactose, le cottage, en contient toujours trois fois moins qu’un bol de lait[1] !

Et de nombreux fromages à pâte dure ne contiennent même plus du tout de lactose !

Donc si vous êtes légèrement intolérant au lactose (comme 40 % des Français), vous pouvez avaler la plupart des fromages sans problème !

Deuxième avantage, plus décisif encore : la fermentation du lait est réalisée avec des bactéries lactiques

…et ces « bonnes » bactéries sont excellentes pour votre microbiote, votre flore intestinale !

Écoutez ce que dit Marie-Christine Montel, spécialiste à l’INRA :

« Un fromage, c’est un produit vivant et à l’intérieur de ce fromage, il existe des communautés microbiennes qui sont composées d’espèces différentes. Dans un seul lait cru, on a dénombré 40 espèces différentes qui ont toutes une fonction spécifique. Bref, il s’agit d’une communauté très organisée »[2].

Toutes ces « espèces » sont des « probiotiques », ces bactéries anti-inflammatoires, anti-douleurs et favorables à votre système immunitaire[3].

Et plus le lait de votre fromage sera « cru », plus il contiendra ces bactéries bénéfiques !

Le fromage au lait pasteurisé, lui, est beaucoup plus pauvre en probiotiques.

Car la pasteurisation (chauffer le lait à 72 degrés) détruit la plupart des bactéries, les mauvaises, certes… mais aussi les bonnes !

La thermisation, à 68 degrés, est déjà moins dévastatrice que la pasteurisation, mais l’idéal reste de manger des fromages au lait cru (sauf en cas de grossesse bien sûr).

C’était même une « technique » bien connue des médecins suisses pour optimiser votre microbiote :

« A l’époque, les médecins fribourgeois recommandaient de manger du vacherin au lait cru pour refaire la flore intestinale après un traitement aux antibiotiques »[4].

Malheureusement le fromage 100 % naturel, au lait cru, a perdu sa bonne réputation.

Il y a bien sûr la crainte (infondée) d’une intoxication à la listeria.

Mais l’autre gros reproche qui lui est fait, c’est qu’il est « gras » et « calorique ».

Mais cette critique n’a aucun sens :

C’est GRAS, oui, mais c’est une excellente chose !

Prenez l’huile d’olive : c’est ultra-riche en calories, et c’est pourtant l’un des aliments les plus sains au monde !

Si les bonnes graisses sont aujourd’hui recommandées (huiles, noix, avocat, poissons gras…)… c’est bien sûr parce qu’elles contiennent des nutriments essentiels à votre santé…

…Mais c’est aussi parce qu’elles vous permettent de diminuer le sucre !

C’est mathématique : plus vous mangez gras, moins vous mangez sucré. Or il y a beaucoup de « bonnes graisses », et très peu de « bons sucres ».

Et c’est psychologique : comme je l’ai moi-même vécu, il est beaucoup plus facile de se priver d’aliments sucrés quand vous mangez des graisses « plaisir » comme le fromage !

Et ne croyez pas ceux qui essaient de vous faire peur en disant que les graisses du fromage sont « saturées », donc mauvaises pour le cœur.

Des dizaines d’études récentes ont réfuté le lien entre « graisses saturées » et maladies cardiaques[5].

Au contraire, les scientifiques découvrent que les produits laitiers à base de lait entier plutôt qu’allégé en matières grasses protègent du diabète et de l’obésité (une preuve de plus que le gras est votre meilleur allié contre le sucre !).

Enfin, parmi les bienfaits du fromage, n’oublions pas qu’il contient quelques excellents micro-nutriments.

Le fromage contient aussi de bonnes vitamines

Tout le monde sait qu’il est riche en calcium, mais ce n’est pas le plus important à mes yeux, car il est rare de manquer de calcium.

Plus un fromage est gras, plus il est riche en vitamine A – c’est intéressant, car c’est une vitamine qui n’est pas facile à trouver ailleurs (si vous ne mangez pas d’abats, vous pouvez vite risquer d’en être carencé).

Quant aux fromages maigres, ils sont riches en vitamine B12 – une vitamine « anti-dépresseur » essentielle à votre cerveau et qui fait souvent défaut aux végétariens.

Enfin, certains fromages à pâte dure ou semi-dure (emmental, gruyère, mimolette/edam, gouda, brie etc.) contiennent des doses intéressantes de vitamine K2 (sous sa forme Mk-4).

C’est une vitamine très difficile à trouver dans l’alimentation mais bonne pour votre cœur et pour vos os… ce qui est particulièrement précieux pour les femmes après la ménopause !

Vous voyez que le fromage peut-être votre ami !

Sauf si vous avez le malheur de faire partie de ceux qui ne le tolèrent pas :

Pas de fromage pour vous si vous êtes dans cette catégorie

Le gros inconvénient du fromage, c’est qu’il contient plusieurs protéines « allergènes », dont la principale est la caséine.

Certes, beaucoup des gens digèrent ces protéines sans trop de problème.

Mais si vous avez le malheur d’avoir l’intestin « perméable » (leaky gut)… ou si votre système immunitaire est perturbé…

…alors vous pouvez développer une grave intolérance à la caséine.

Cela cause toutes sortes de pathologies… des douleurs articulaires, des problèmes respiratoires, des migraines, des problèmes de peau ou même d’humeur.

Vous souffrez, et vous n’avez généralement aucune idée d’où ça vient !

Voilà pourquoi je recommande à tout le monde d’arrêter totalement les produits laitiers, fromages compris, pendant un mois complet, pour vérifier que vous les supportez réellement.

Attention : si vous avez une maladie inflammatoire et auto-immune du type polyarthrite rhumatoïde, il est à peu près certain que vous ne tolérez pas les protéines du lait.

Dans ce cas précis, un régime « hypotoxique » sans lait et sans gluten est indispensable pour guérir – et vous devez faire une croix à peu près définitive sur le fromage.

Gardez tout de même un petit espoir : une fois que vous aurez totalement « détoxifié » votre organisme, il vous sera peut-être possible de faire quelques écarts – comme l’a vécu la canadienne Jacqueline Lagacé :

« Après avoir recouvré l’usage de mes mains, soit seize mois après le début du régimeje me permettais une à deux fois par semaine de petites quantités (maximum 25 g.) de fromage au lait cru ».

Un autre ingrédient du fromage dont il faut se méfier est la tyramine.

C’est un allergène bien connu, qui peut provoquer des maux de tête et autres symptômes désagréables chez une petite minorité de personnes qui ne le tolèrent pas.

Voilà une raison supplémentaire de vérifier par vous-même que vous supportez bien le fromage.

Au total, écoutez bien votre corps

…et s’il vous dit : « aucun problème »… alors régalez-vous… avec modération bien sûr !

Il ne vous reste plus qu’à bien choisir votre fromage :

Les fromages que vous pouvez manger

Évidemment, il faut éviter comme la peste les fromages « industriels » ultra-transformés, comme la « vache-qui-rit ».

Fuyez aussi les fromages artificiellement « allégés en graisse » – n’oubliez jamais que le gras n’est pas l’ennemi !

Choisissez des fromages « bio », AOC, ou provenant d’une fromagerie artisanale que vous connaissez.

Et surtout, privilégiez les fromages au lait cru ou, à défaut, thermisés… et évitez le lait pasteurisé, sans quoi vous perdrez les précieuses vitamines, enzymes et « bonnes bactéries » du fromage !

Ah, et puis dernier conseil : faites attention si vous mangez votre fromage avec du pain.

N’oubliez pas que le pain « classique », même complet, a beaucoup de défauts, que je vous avais détaillés dans une précédente lettre.

Efforcez-vous plutôt « d’allier la poire et le fromage », comme le recommande joliment le Dr Olivier Coudron.

Ce qu’il veut dire par là, c’est qu’il est important de compenser le côté acidifiant du fromage par des aliments « basifiant » et riches en potassium… comme les fruits et légumes !

Alors bonne dégustation à tous les amateurs de fromage…

…et bonne santé !

Xavier Bazin