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par Catherine & Jérôme

Lorsque j’imaginais faire l’amour dans ma jeunesse, je m’imaginais une rencontre hors du commun qui allait me permettre de rencontrer une forme d’extase très puissante, un amour intense et une connexion profonde à l’autre.

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Dans mon esprit c’était clair, mais dans l’expérience rien de tout cela ne se passa. Jusqu’à 36 ans environ, à chaque rencontre, je me sentais à côté de moi-même, enfermée dans un corps qui réagissait, certes, mais mon esprit n’était pas vraiment là, ni ces moments de connexion intense auxquels j’aspirais. Ce que vivait le corps n’était pas à la hauteur de mes attentes. Je trouvais la rencontre routinière et la décharge orgastique me laissait vide, frustrée de ne pas trouver cette connexion profonde. J’étais amoureuse, certes, mais je pouvais très bien me passer de sexualité, car les deux vivaient une vie différente. Cet écartèlement attisait amour et colère. En même temps j’étais très amoureuse, voire dépendante de cet amour dans lequel je me perdais parfois, et en même temps j’aspirais à la rencontre sexuelle pour trouver la connexion, mais à la fin, et à chaque fois, ce vide après la décharge orgastique me déprimait. Je me sentais impuissante à comprendre comment faire autrement. J’avais l’impression de coller à l’étiquette « femme frigide » que les femmes qui ressentent la même chose que moi sans pouvoir l’exprimer se coltinent, avec à la clé beaucoup de culpabilité. Si ça ne fonctionnait pas, c’était forcément de ma faute et pour supporter le poids de la culpabilité, je me faisais un devoir de donner du plaisir à mon partenaire. Pourvu qu’il en ait, tant pis si je reste au bord du chemin au moins je sauve la face.

Puis mon corps s’est mis à réagir, après chaque rencontre la cystite me donnait une autre raison (bien légitime) de dire non. Mais quelle souffrance ! Pendant des années je la vivais comme une forme de punition. Parfois elle me laissait tranquille quelques mois puis réapparaissait en résistant à tous les traitements pendant des semaines. Si je faisais fi de son message en acceptant encore des rencontres sexuelles, la cystite pouvait m’accompagner pendant des mois.

Ma colère augmentait et se retournait contre moi, je cherchais à l’extérieur le partenaire idéal qui allait me faire vivre ce que j’attendais. Puis un jour il s’est présenté et l’extase est arrivée. Tout s’ouvrait en moi et je coulais dans cet amour absolu qui me remplissait et nourrissait mon cœur et mon âme. Seulement voilà, l’homme n’était pas libre, moi non plus et mon coeur a mis cinq ans à se remettre de la rupture, surtout de la rupture avec mes aspirations.

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Après le tsunami émotionnel, plus rien n’avait de goût, tout s’est refermé et je croyais toujours qu’un prince charmant m’attendait quelque part pour ouvrir de nouveau ces portes vers l’extase.

Lorsque j’ai découvert le Tantra, j’ai compris qu’il était vain de chercher à l’extérieur, je devais me libérer de mes chaînes, de mes croyances, de mes peurs et surtout écouter mon corps, car mon corps ne voulait plus faire du sexe en appelant cela « faire l’amour ». Il le criait d’ailleurs ! En écoutant de plus en plus profondément mes besoins, j’ai découvert que toute la tension que je ressentais pendant le rapport sexuel me projetait dans ma tête plutôt que mon corps, alors que j’aspirais à un abandon et une détente. Le Tantra enseigne la détente et la relaxation. Les chemins vers l’extase ne peuvent se vivre que dans un abandon total au ressenti, sans objectif, sans se projeter dans une finalité, en vivant le moment présent comme un cadeau avec tout ce qu’il a à offrir, pour autant que l’on veuille bien accueillir ces sensations.

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J’ai appris à rester présente à mon sexe à chaque instant en écoutant son rythme à lui et non celui de mon partenaire afin de canaliser et transformer la tension excitatrice en relaxation pour que l’énergie sexuelle puisse circuler et intensifier les sensations subtiles.

L’excitation nous emmène toujours dans les mêmes schémas, car elle est là pour perpétuer l’espèce. Notre corps est câblé pour nous faire aller, de manière plus ou moins automatique, vers une sexualité de « survie». Qu’en est-il lorsque la survie n’est plus nécessaire ? Sans apprentissages spécifiques, nous restons coincés dans cette routine.

J’ai compris également le message de mes cystiques, car la vessie est en lien avec le territoire. En effet, j’ouvrais mon territoire, mon intimité, mais je ne l’habitais pas et je me laissais « envahir » par les bonnes intentions de mon partenaire. Mon inconscient ne faisait pas la différence entre bonnes ou mauvaises intentions, les intentions n’étaient tout simplement pas ajustées à mes besoins. Je ne savais pas faire la différence entre ce qui était juste ou pas pour mon sexe, jusqu’à ce que j’apprenne à me connaître vraiment.

J’ai appris à respecter mon intimité sans complaisance et invité mon partenaire d’aujourd’hui à me rencontrer d’une manière plus créative et sacrée. Le sacré émerge lorsque nous sommes l’un et l’autre ajustés dans le moment présent, centrés en soi sans objectif final ni carte routière prédéfinie.

Pour un homme, ce n’est pas évident de vivre la rencontre en étant détendu, car tout en lui le pousse à se tendre vers la force, la volonté, la performance. C’est un challenge que d’accepter de s’abandonner à la présence et de sentir que sans effort, son sexe va rester en érection simplement parce que l’un et l’autre sommes totalement présents à nos sexes, à l’écoute des sensations, soutenus par la respiration et les mouvements naturels du corps. Il y a une fontaine de jouvence en nous et nos sexes connaissent le chemin, pour autant que notre mental soit mis de côté et que nous restions à l’écoute des propositions intérieures qui émergent doucement et lentement.

Dans cet abandon je peux accueillir la puissance du masculin qui me connecte à la terre, qui me donne un ancrage et renforce ma confiance. Dans cet abandon il peut connecter sa vulnérabilité en se sentant soutenu et en confiance.

Après nos rencontres je me sens posée, ouverte, dans la douceur et la puissance de mes intuitions et perceptions, dans la puissance de mon amour pour cet homme qui m’accompagne sur cette voie de l’amour conscient. Il se sent aimé et désiré donc rassuré et son amour déborde.

Faire du sexe me rendait très émotionnelle, avec des hauts et des bas, des reproches, de l’irritation et de l’impatience.

M’abandonner à l’amour dans la lenteur et le ressenti est très apaisant et soutient cette connexion entre nous pendant des jours. La joie et l’enthousiasme sont présents, car tout se passe d’une manière fluide et tranquille.

Ce parcours a pris plus de 10 ans avant que ce soit clair pour moi et que nous puissions nous ajuster l’un à l’autre.

Parfois nous vivons des moments de désert sexuel pendant plusieurs semaines et c’est ok parce que la disponibilité n’est pas là ou parce que quelque chose de profond dans nos inconscients cherche à émerger et prend la place. Le Tantra est la recherche de vérité et il y a des vérités qui sont profondément enfouies dans nos inconscients. Il faut parfois un peu de temps pour que la clarification se fasse et que la transformation ait lieu. Les rencontres après cela sont toujours plus intenses, car nous avons ouvert des espaces nouveaux en nous pour que l’amour laboure à nouveau le terrain et fasse germer d’autres graines d’amour.

De tout coeur

Catherine & Jérôme

Source: https://www.espacetantrayoga.com/

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