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par Cléophé 

Je pousse la porte vitrée du building dans lequel j’ai rendez-vous. Nous sommes lundi, c’est le jour de mon entretien.
Un peu stressé, je me retrouve dans ce hall d’entrée où l’hôtesse de l’accueil m’interpelle avec un sourire.

« Bonjour Monsieur, que puis-je pour vous ? ». À peine à telle eut le temps de finir sa phrase que la terre commence à trembler. Les objets de décorations, les vases, les statues tombent au sol dans un fracas assourdissant. Puis, c’est le silence. Nous sommes tous comme en suspend, attendant une hypothétique seconde secousse. Un bruit retentissant vient de l’extérieur. Un nuage de fumée s’écrase contre les vitres du building. Les gens paniqués commencent à descendre les étages et se retrouvent dans le hall, mais personne n’ose franchir la porte, la poussière dehors est trop dense.

Après quelques minutes, on peut apercevoir l’extérieur. Rien n’est reconnaissable, la rue principale est jonchée d’éboulis, il n’y a plus un seul bâtiment en place. Je sors du hall et me retrouve dans ce qui était la rue. Il y a des décombres de partout, le sol est recouvert de débris et les voitures disparaissent sous des tas de gravas. Au loin, on entend encore des déflagrations, le ciel est orangé et saturé en poussière. Je m’accroupis, n’en croyant pas mes yeux. Les larmes coulent sur mon visage. Personne ne sort du hall, pensant être protégé.

Je suis seul face à ce décor apocalyptique. C’est maintenant le silence, pas un bruit, pas un oiseau dans le ciel, le silence. Je regarde autour de moi, et je ressens cette stabilité qui me fait comprendre ce qui s’est passé. J’avance péniblement à travers les blocs de béton éclatés. Je reste là, debout, à scruter mon environnement.

La poussière commence à se dissiper et laisse apparaître une petite silhouette qui avance lentement vers moi. Elle avance sur le chemin dans ma direction. Je ne bouge pas, croyant à une illusion. Arrivé face à moi, c’est un vieillard tellement courbé par les âges qu’il s’appuie sur sa canne toute tordue. Ses cheveux blancs clairsemés sont suspendus à son crâne et sa barbe blanche évolue au rythme de ses mouvements. Il se relève doucement et un changement radical s’opère alors dans sa physionomie. Au fur et à mesure que le vieillard se redresse, il rajeunit, pour devenir un jeune homme musclé, sans barbe, très vif. Il me dit :

« Voyez autour de vous. Vous êtes à la frontière de deux mondes. Vous avez le choix d’accepter de rester dans ce monde actuel qui n’est que décombres, ou d’aller au-delà de ces ruines et découvrir un Nouveau Monde vierge de tout, un monde dont ses fondations seront la Sagesse. Je suis la Sagesse du Nouveau Monde, jeune et pleine de vie. Le vieillard que j’étais représentait la Sagesse de l’Ancien Monde. Métamorphosez votre esprit, votre conscience et rajeunissez à travers cette nouvelle Sagesse. Comprenez que l’être humain est à l’image de la Source, chérissez-le, aidez-le, il a tout le potentiel. Existez dans ce Nouveau Monde, créez en Sagesse. »

À ces mots, il se retourne et s’en va. Je le regarde se courber de plus en plus en s’éloignant, puis disparaître complètement.

Seul et pensif, je repars vers le building où toutes les personnes sont encore là, à attendre. Je leur transmets le message laissé par le jeune homme. Personne ne parle. Je m’en vais. Les personnes me voient enjamber les pans de bâtiments, les amoncellements de bétons, et disparaître. Certains se regardent d’un air interrogatif, sortent du building et suivent le chemin.

Sur ma nouvelle route, j’observe cette immensité qui se dessine jusqu’à l’horizon. Une magnifique plaine, dans laquelle des arbres sortent de la terre spontanément, des fleurs apparaissent et des oiseaux naissent en un éclair dans le ciel. Les nuages, d’une pureté infinie, se laissent porter par le vent. Le soleil réchauffe mon visage. La nature vit, respire. Je ressens mon cœur battre et comprend que c’est celui de cette planète bleue qui bat en moi. Je ferme les yeux pour mieux savourer l’instant.

Lorsque je les rouvre, je suis dans ma chambre, je regarde l’heure, mince ! On est lundi et je suis en retard pour mon entretien.

Je me prépare en me dépêchant, créant un stress supplémentaire. Je prends ma voiture et me dirige vers le lieu de rendez-vous. Les bouchons sont interminables. Je patiente en regardant les nuages qui traversent le ciel comme les pensées dans ma tête. « Qu’est-ce que je fais là ?! Cet entretien ne correspond même pas à ce que je souhaite réellement ! Et ces bouchons…. ! À quoi ça rime tout ça ? » Les nuages défilent et une petite voix me dit « Suis-les ».

À ce moment précis, la voie de droite se dégage et je l’emprunte sans réfléchir. Je me retrouve sur un chemin de campagne, entouré de champs. Je m’arrête quelques instants et sors de la voiture. Les nuages continuent leurs courses et je vois l’impensable : plusieurs boules de lumières orangées traversent le ciel, je crie « NON !! » Et tout autour de moi se fige. Le temps s’arrête.

D’un coup, je me retrouve 7 ans en arrière, mais je vois encore les boules lumineuses dans le ciel. Alors, la vraie histoire commence. Durant toute cette période, je modifie tous mes schémas de pensée erronés, la façon de voir ce monde, la façon d’interagir avec. J’ouvre ma conscience, et chaque jour, chaque nuit, j’imagine un monde de sagesse.

Je reprends conscience sur ce chemin de campagne, les yeux dans le ciel, j’admire ce bleu infini. Je ne reconnais plus rien, ma voiture a disparu, mes vêtements sont différents, je vois au loin des habitations en harmonie avec la nature, dans une cohérence parfaite. Tout est calme, je marche tranquillement, et je vois un jeune homme assis sous un arbre, proche de la route. Je passe devant lui en le saluant et il me dit « Enfin, tu as compris ». Je m’arrête et le regarde. C’est au moment où mon regard plonge dans ses yeux que je le reconnais.

La Sagesse du Nouveau Monde.

Source: https://elixirsdesagesse.com/