Par Shamalo
Nous y voilà, repliés dans une réalité dysfonctionnelle, torsadée, entortillée sur elle-même. Un pétale à l’ombre d’un pommier dont la racine, trop arrosée, se retrouve écœurée par sa condition. Autrement dit, un creux de la vague pour mieux percevoir la lumière (mais nous, les lumières, savons léviter).
Nous y voilà, vieilles âmes enchevêtrées aux ramures millénaires et aux acquis bien cachés dans nos gorges, scellées. Car si nous nous mettions à parler… Oh, si on se mettait à tout dire, tout dévoiler, à expulser cette grandeur et la diffuser, crier l’Amour sur tous les toits. Nous secouerions la surface du globe d’une puissance colossale, à en faire trembler les indécis.
Seulement, le processus est fait avec douceur. Si nous voyons la porte de sortie droit devant, nous ne nous surprendrions pas à tenter l’improbable : briller de mille feux et élever nos voix, à l’aveuglette.
Levons nos voix, pour ne pas oublier
Si les mots bouillonnent d’envie de sortir d’entre nos lèvres, apprenons à en maîtriser le flux. Conservons l’essence du message, non pas le pourtour violenté par nos propres traumatismes, car nous aurions aimé tout dire, et ce, dès notre plus tendre enfance, dressée aux questions sans réponse. L’innocence forgée à la solitude, au désarroi dans un monde où même les interrogations se tarissent.
Mais nous ne sommes pas seuls. Nous sommes beaucoup, bien plus que ce que nous pensons. Et maintenant, il est temps d’oser parler, oser être, ne pas se renfermer dans un carcan et perdre le temps précieux qui nous est imparti.
Déployons nos voix, mes frères, et apprenons à en maîtriser le flux. Comme placer autrui au-dessous d’une cascade, le débit doit être doux pour qu’il puisse se délecter et saisir la source, l’origine subtile de la conversation (disons-le, les mots n’en sont que la pointe de l’iceberg). La lumière transmise par nos voix, en un mouvement fluctuant, libre, loin d’être opprimé et si tel est le cas : rendons-lui sa liberté.
À la lumière, je peux confier ma voix. Ainsi, devenir un vaisseau qui vogue au gré du temps dont je raffole les folles lubies qui rendent hommage à mes journées. Au côté fade du quotidien, j’ajoute mes couleurs ci et là.
Libérons nos voix, par nos présences. Soyons les lits de rivière, fiers récepteurs des flots d’énergie en provenance du soleil. Le solstice est pour bientôt.
Déployons-nous, mes frères. Brillons comme jamais, nous n’avons brillé à ce jour.
Shamalo
Source : shamalo.org