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par Agnieszka Rouyer

La façon dont nous vivons et la façon dont nous pensons est principalement le résultat de ce qui nous a été inculqué durant notre enfance. Combien y avait-il de messages constructifs et précieux ? Combien de modèles dangereux, à travers lesquels nous ne parvenons pas aujourd’hui à vivre en harmonie avec nous-mêmes ?

Une chance immense nous a été donnée de naître dans cette époque. Nous avons de l’électricité, grâce à quoi nos lampes sont allumées. Nous avons des magasins où tout est à portée de main. Nous avons des hôpitaux, des médecins, des spécialistes afin que nous puissions prendre soin de notre santé.

Les réalisations sociales, culturelles et technologiques, qui sont transmises de génération en génération nous permettent de vivre dans le confort, et ainsi de satisfaire nos principaux besoins. Grâce au phénomène de l’éducation sociale, chaque jeune homme faisant partie de notre société, apprend comment fonctionne le monde. Il n’est donc pas obligé d’explorer tout à partir de zéro, commettre toutes ces erreurs qui ont déjà été commises par quelqu’un d’autre.

Cependant, il existe le côté obscur de la société où nous demeurons. Le côté obscur de ce que nous transmettons à notre descendance, un modèle tout près de la réalité, pas toujours harmonieux ni conforme avec ce qu’est la réalité. La façon de penser de chacun d’entre nous dépend de ce qui nous a été transmis dans l’enfance – et c’était souvent des choses qui non seulement ne nous stimulent pas, mais qui bloquent notre réalisation personnelle.

Les armoires vides

Pendant notre naissance notre cerveau est comme une grande pièce avec des millions d’armoires vides, qui se rempliront bientôt avec le savoir et les connaissances sur le monde qui nous entoure. Le contenu des livres et des documents qui atterriront dans ces armoires décidera de notre regard sur la réalité. En tant qu’être social totalement impuissant et dépendant de nos parents, nous n’avons aucun pouvoir sur ce avec quoi nos armoires seront remplies.

La plupart du temps, ce seront des copies de documents qui ont atterri  dans les armoires de nos parents, nos nounous, nos profs. Notre façon de penser deviendra la somme de la manière dont ceux qui nous élèvent comprennent le monde. Sur différentes étapes de la vie, elle sera « enrichie » de centaines des milliers de modèles, qui viendront depuis des écrans de télévision, ordinateurs, journaux, magazines et autres médias…

Jusqu’au jour où nous transmettrons ce fouillis entassé dans les tiroirs de nos têtes à nos propres enfants, tout en continuant la transmission du script familial qui se transmet lui-même de génération en génération, plus ou moins évoluant.

Pour que nous puissions fonctionner dans ce monde, notre cerveau doit être programmé. Cela ne signifie pas que toute notre personnalité dépend du contenu qui sera inséré dans nos têtes. Notre génétique porte en soi un ensemble de tendances et préférences qui décideront, en grande partie, quelle personnalité nous allons acquérir. On peut dire que c’est notre « vraie nature ». Et l’harmonie de cette nature dépendra de la qualité des programmes qui s’installeront dans nos réseaux de neurones.

Malheureusement, une grande partie de ce conditionnement découle de la variété des structures sociales. Ces structures programment l’être humain souvent délibérément, ou à cause de l’ignorance, d’une manière très dangereuse pour lui.

La programmation sociale

La programmation sociale (en anglais social conditioning) est le processus de formation des unités dans la société afin qu’ils réagissent d’une manière généralement approuvée par la société et les groupes sociaux.

Les deux mécanismes de programmation sociale le plus couramment utilisés sont la récompense et la sanction/punition, ainsi que la répétition de mêmes communiqués.

Le premier consiste à récompenser certains comportements (en les renforçant), tout en punissant les autres (en les affaiblissant). Par exemple, l’obéissance est récompensée tandis que la désobéissance est punie. Le deuxième mécanisme consiste à répéter par les autorités (parfois des centaines ou milliers de fois) certains communiqués, que l’on finira par considérer comme une vérité irréfutable.

On peut prendre comme exemple de ces actions les communiqués de propagande diffusés pendant la guerre dans les médias, qui déterminent un pays comme agresseur, et un autre comme victime.

A ce stade, tu ressens peut-être en toi une révolte, et tu te dis que tu es résistant à ce genre de manipulation. Je te félicite pour cet optimisme, mais ici, malheureusement, tu risques d’avoir tort. Plusieurs études démontrent que nous succombons avec une grande facilité aux divers mécanismes de l’influence, même lorsque nous sommes conscients de ces mécanismes. Crois-moi, les personnes qui travaillent sur la conception des messages publicitaires télévisés ont des connaissances très approfondies en psychologie et sur le fonctionnement de notre subconscient. Ces gens savent bien plus des choses sur le mental et son fonctionnement que nous sur nous-mêmes…

Avoir conscience que nous sommes vulnérables à la programmation sociale est la meilleure façon de nous en protéger. Je sais que si je regarde les infos du soir à la télévision, mon moral et ma façon de voir le monde qui m’entoure seront nettement changés.

Où cela nous mène ?

L’état d’esprit des gens et l’état de notre planète montrent clairement que notre société tend à… l’autodestruction. Ceci est confirmé par les études des chercheurs qui constatent les déclins des civilisations précédentes. Récemment, les résultats d’une étude financée par la NASA montrent que parmi les sociétés qui ont échoué jusqu’à présent, deux schémas se sont répétés : l’utilisation excessive des ressources naturelles et la dissection de la société (l’inégalité croissante entre les élites et les basses classes sociales). Ça te semble familier ?

Et ce n’est que le début. Les indicateurs des maladies de civilisation (niveau de stress, violence, faim et beaucoup d’autres pathologies) sont statistiquement aujourd’hui plus élevés que jamais. Le bon nombre des problèmes du monde moderne pourraient être facilement résolus, parce que nous avons déjà toutes les réponses, les méthodes et les technologies qui rendent cela possible.

Si seulement l’argent consacré aux guerres, à l’exploration du cosmos et aux jeux olympiques, était investi dans les technologies qui traitent les problèmes majeurs du monde, alors la condition de notre espèce aurait sans doute été un peu meilleure. Malheureusement, le manque universel de conscience dans notre société fait que nous pataugeons aveuglément vers des pathologies encore plus profondes, un point de non-retour.

Cela a également des conséquences négatives pour nos vies personnelles. Vivre en harmonie avec soi-même face à la programmation sociale et toutes ses principes, des modèles et obligations, est un défi majeur dans le monde actuel. Comment donc entendre la voix de notre âme ? Comment trouver sa voie dans tout ce chaos et se détacher de ce bon modèle de vie auquel nous sommes contraints à chaque pas que nous faisons ? Comment comprendre cette rigidité sociale qui nous est imposée et qui limite notre marge de manœuvre ?

Le détachement de ces standards imprimés si profondément dans nos esprits en en faisant table rase, nécessite souvent des années de travail sur soi. Nous avons besoin de beaucoup de courage, de liberté de penser et de la capacité à contester les vérités évidentes.

Toutefois, cela vaut la peine d’emprunter cette voie car la mise est énorme…

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