Est-ce que le mindfulness (pleine conscience) et la méditation peuvent être des outils pour modifier nos propres comportements ? Il s’avère que pour beaucoup d’entre nous le fait d’observer régulièrement nos réactions, pensées et émotions est la base d’un travail efficace sur soi-même. Comment pouvons-nous changer notre MOI intérieur par la pratique de la méditation ?
La méditation est l’une de ces techniques, où les avantages ne se limitent pas à un ou deux domaines de notre vie.
Quand j’ai commencé une pratique régulière de la méditation il y a quelques années, mon but était de maîtriser le stress et retrouver la paix intérieure.
Sans aucun doute j’ai réussi à atteindre mon objectif, mais il s’est passé autre chose. J’ai remarqué que je suis beaucoup plus concentrée pendant la journée. Non seulement en travaillant, mais également dans toutes mes autres activités. Quand je lis un livre, je suis à 100 % dans l’histoire du livre. Quand je parle avec quelqu’un, mon être entier est avec cette personne. Sans être dispersée ou parasitée par des pensées chaotiques, je pouvais enfin être là où je suis, faire ce que je fais, être présente à soi. Cela a considérablement amélioré ma qualité de vie, parce que je vivais chaque expérience intensément et en profondeur.
La paix intérieure, une plus grande concentration et la capacité de vivre dans l’instant présent sont devenus une partie intégrante de ma vie quotidienne. Je me souviens encore comment c’était de vivre avec un mental chaotique. Cependant, ce n’est que récemment j’ai remarqué que la méditation régulière m’a apporté un autre avantage inestimable.
C’est un stupéfiant travail sur soi
Au départ, je ne le voyais pas car, en parallèle de la méditation, je pratiquais d’autres techniques de développement personnel – j’expérimentais les exercices des livres que je lisais. Je ne pensais pas que seule la méditation (en dehors de ses avantages évidents) pourrait être un moyen de changer mon comportement.
Cependant, durant un certain temps, j’ai interrompu le travail sur moi-même que j’effectuais régulièrement, mais j’ai continué à méditer. Loin d’affecter le rythme de mon évolution, j’ai constaté que la méditation régulière me permettait un regard constant et continu sur mon propre intérieur. Mes observations quotidiennes qui m’apportaient une plus grande conscience et une meilleure compréhension de moi-même m’ont permis – lentement, mais presque sans aucun effort – de changer mes pensées, attitudes et comportements.
Il semble que la méditation ait un potentiel encore plus grand que, vaguement, je soupçonnais. Il s’avère qu’elle peut être un outil extrêmement efficace de changement intérieur, même si nous n’utilisons pas d’autres méthodes de travail sur soi.
Comment est-ce possible ?
L’une des caractéristiques inhérentes de la nature humaine est l’automatisme. Notre cerveau automatise la plupart de nos comportements de sorte que nous n’avons pas à réfléchir à la manière de respirer, de se brosser les dents ou de réagir à des situations difficiles. Les comportements qui ne sont pas ‘accessibles’ à notre conscience se trouvent hors de notre contrôle.
Ne t’est-il jamais arrivé de faire ou dire quelque chose, et de te rendre compte seulement après coup que tu ne voulais pas faire ou dire cela ? Toutefois, sans conscientiser ce qui se passe en nous avant et pendant ce comportement, nous ne sommes pas capables de faire grand-chose pour y remédier.
Lorsque nous méditons, la conscience s’ouvre, se développe…
Nous devenons plus attentifs, non seulement pendant l’exercice de la méditation, mais pendant toute la journée. Nous commençons à entendre nos pensées, à devenir conscients de leurs présence. Nous commençons à observer nos sentiments et émotions, nous entrons en contact avec eux. Nous observons nos comportements – non seulement après coup – mais même avant de passer à l’action. Par exemple, nous prenons conscience que nous voulons nous énerver sur quelqu’un, même un instant avant de le faire.
Comment donc cette conscience de soi peut nous aider à changer nos habitudes, réactions automatiques et comportements ?
Il arrive que nous ayons tendance réagir trop impulsivement, par la colère dans les conflits avec les proches par exemple. Touchés par des mots ou comportements blessants, nous perdons notre contrôle en nous laissant envahir par une sorte de fureur, de laquelle il nous est difficile de sortir.
Je vais tenter de démontrer étape par étape, comment – rien qu’à l’aide de la méditation et de la pleine conscience (mindfullness), nous avons la possibilité de nous libérer des réactions offensantes et destructrices.
- Au début, nous réalisons que nous avons perdu le contrôle après le fait. Une fois le calme retrouvé, nous avons la possibilité de réfléchir sur ce qui vient de se passer. Nous réalisons alors qu’une fois de plus nous nous sommes énervés, nous avons ressenti de la colère, même si nous voulions vraiment éviter cela. On se sent comme s’il y avait eu un démon qui aurait prit possession de notre corps et aurait fait ce qu’il voulait….
- La méditation régulière fait que nous commençons à remarquer le comportement destructif un peu plus tôt, juste avant l’explosion. Nous prenons conscience de la colère au moment où elle dure encore. Mais à cette étape, cela ne change pas encore notre réaction. Nous ne sommes pas encore suffisamment forts (et la conscience pas suffisamment élargie) pour empêcher notre comportement destructeur.
- Après un certain temps d’entrainement – tout en continuant la méditation – une petite lumière commence à s’éclairer dans notre esprit. Il y a comme un avertissement intérieur : « Regarde, ce que tu fais! Arrête, tu vas encore le regretter ! ». Cet état nous permet, avec beaucoup d’efforts, d’interrompre le comportement destructif qui suivait l’émotion de la colère. Cela nous permet de ressentir pleinement l’émotion : parfois plus rapidement, parfois juste un peu trop tard, parfois pas du tout… Soyons déjà satisfait du progrès apparent, car nous devenons plus solides dans la maîtrise des états destructeurs.
- En poursuivant la méditation au jour le jour, il se passe quelque chose d’étonnant. Nous devenons conscients de la présence de colère, avant même qu’elle semble se manifester. C’est une étape où nous commençons à rentrer en contact permanent avec nos émotions, même si une partie de nous reste tentée par une dispute en commençant à argumenter ;-). Il nous est évident que nous demeurons à la limite de ce qui nous est très familier – la colère et l’envie d’avoir raison, ce qui mènerait au final à la prise de pouvoir sur l’autre, ou bien à le blesser.
Ce qui est important c’est que nous prenons conscience que nous avons la possibilité de choisir une autre façon d’agir : plutôt que de déverser sa colère sur l’autre, décider de ressentir pleinement ce qui se passe dans notre corps et ce qui a provoqué l’inconfort, afin de diriger notre comportement vers le calme ou la conversation vers l’entente.
De temps en temps il nous arrive de constater la présence de la colère, ce qui est tout fait normal. Il y aura toujours des situations qui seront là pour nous mettre au défi, même si nous sommes un oasis de calme. Toutefois, lorsque cela se produit, l’intensité de ces émotions est beaucoup plus faible qu’auparavant, et nous parvenons à les écouter sans qu’elles génèrent des turbulences dans l’environnement ;-). Cela peut nous donner un extraordinaire sentiment de maîtrise de soi.
Nous pouvons appliquer le même processus dans le changement de (pratiquement) tous les comportements non désirés.
La conscience de soi qui est stimulée de cette manière – ou une méditation quotidienne de 15 minutes qui se transforme naturellement en habitude de concentration tout au long de la journée – a une utilisation très large en réalisation personnelle.
Se ronger les ongles, s’auto-juger, se dévaloriser, se ‘distraire’ par des réseaux sociaux pendant les heures de travail et au bureau, entrer dans le rôle de victime (consciemment ou pas) dans les conflits avec son partenaire, etc… Certaines de ces habitudes exigeront une plus grande concentration et un temps plus long pour s’en libérer. D’autres, ne demanderont que 2 ou 3 semaines.
Si tu choisis de travailler de cette façon sur tes comportements et habitudes, je t’invite à suivre ces quelques pistes:
- Méditer. S’observer soi-même tout au long de la journée, sans une pratique régulière de la méditation (au moins une fois par jour), est extrêmement difficile, et pour beaucoup d’entre nous, carrément impossible. L’exercice de méditation fait en sorte que le muscle de ‘conscience de soi’ est soumis à un entraînement quotidien, ce qui a pour résultat que, sans trop d’effort, nous commençons à remarquer beaucoup de choses qui se passent dans notre monde intérieur. Si tu cherches un moyen d’apprendre la méditation, je t’encourage à commencer lire l’article : Les débuts de la méditation.
- Être patient et indulgent envers soi-même. À plusieurs reprises, tu réaliseras probablement que tu adoptes un comportement destructeur penda
nt le processus (la période de temps pendant laquelle tu apprends la méditation), et que cette prise de conscience ne sera pas suffisante pour t’en empêcher. C’est normal. Donne-toi le temps et sois systématique. Tu verras qu’à un moment donné, tu seras prêt à cesser d’agir automatiquement et à choisir un autre chemin. Ne critique pas les échecs, parce que la culpabilité est comme un virus, elle tuera rapidement ton discernement. - La méditation et la pleine conscience, sans une intention de travailler sur une problématique donnée, peuvent ne pas suffire. Je t’invite donc à décider sur quel comportement tu veux travailler. Porte une attention particulière aux situations où cette réaction apparaît. Puis, pense régulièrement au geste ou comportement que tu veux changer et fais-en des rappels de toutes les manières possibles.
- Penser à un comportement alternatif que l’on veut adopter. Par exemple, pendant un échange avec une autre personne, on peut exprimer verbalement ce qui se passe en nous, ce que qu’on ressent. Il s’agit de se concentrer expressément sur nos émotions et raconter à l’autre ce qui se passe dans notre corps d’une manière saine et constructive. Si tu te rongeais les ongles, tu peux prendre une balle anti-stress en caoutchouc. Si tu te dévalorisais, commence à te complimenter, à te poser de petits défis et te dire combien tu es fier de toi lorsque tu les réalises. Si tu étais tenté de consulter Facebook ou chater durant ton temps de travail, lève-toi et regarde par la fenêtre pendant 60 secondes, etc… Si tu n’as pas d’alternative à des comportements indésirables, le changement sera beaucoup plus difficile.
Le changement de comportement avec la pleine conscience (Mindfulness) est une des nombreuses applications de la méditation dans le travail sur soi. Ses avantages sont beaucoup plus nombreux.
Quand nous méditons régulièrement, nous commençons à trouver la source de nos problèmes. On réalise alors quelle est la pensée ou l’émotion exacte qui est la cause de ce que l’on veut changer.
Le Mindfullness nous offre une autre opportunité : se connaître soi-même. Lorsque nous observons nos réactions dans différentes situations au quotidien, nous commencerons à comprendre en compagnie de quel type de personnes, dans quelles situations, dans quel environnement, dans quels lieux ou avec quelles tâches au travail nous nous sentons bien et ceux qui nous déplaisent. Avec cette connaissance sur soi nous commençons à prendre des décisions plus justes, à faire des choix adéquats sans peur de se tromper, reconnaître les objectifs qui sont les nôtres et qui sont en phase avec nous.
La méditation est sans aucun doute la meilleure formation de l’esprit qui n’ait jamais été inventée ;-).
Si tu ne médites pas encore, mais que tu veux commencer, j’espère que cet article t’inspire et te motive à entreprendre tes premiers pas… Et si tu médites déjà, quels sont ses effets et influences sur ta vie au quotidien?